« 2 heures du matin, c'est la mort du Drak-Art »

Le Drak-Art a 4 ans ! La salle a ouvert ses portes en janvier 2010 sous l'impulsion d'Amine Larabi. Retour sur l'histoire d'une petite entreprise devenue pilier des nuits grenobloises, que les récentes décisions autour des horaires de fermeture mettent à mal. Propos recueillis par Dimitri Crozet


Amine Larabi est seul lorsqu'il nous reçoit au Drak-Art. Seul, comme il l'était à ses débuts, lorsqu'il a lancé ce projet d'une nouvelle salle de spectacle, au 163 cours Berriat. « C'était Beyrouth ici, j'ai tout refait, tout retapé ». Ancien de l'Adaep, devenue depuis Ampérage, Amine Larabi s'est lancé en 2009. Le succès de cette salle qui peut accueillir 450 personnes, venu après quelques mois, ne s'est pas démenti ensuite : « On a eu 45 000 personnes entre septembre 2012 et juin 2013 ».

L'anniversaire des 4 ans du Drak-Art ne se place pas pourtant sous le signe du festif. En cause, un arrêté préfectoral pris en octobre. Depuis, après 2 heures du matin, c'est rideau pour le Drak-Art. « Le mode de fonctionnement de cette salle, c'est avec une fermeture à 5 heures du matin. 2 heures du matin, c'est la mort du Drak-Art ». Plusieurs soirées ont dû être annulées au mois de décembre « J'ai fait 20% de ce que je fais d'habitude. De plus en plus d'associations annulent leurs soirées. J'ai l'impression qu'à Grenoble ils oublient parfois les étudiants. Une salle qui ferme à 2 heures du matin, ça ne colle pas ».

À cela s'est mêlé l'imbroglio autour de la classification de la salle : le Drak-Art est une salle de spectacle, mais Amine Larabi l'a fait classer à son ouverture en type P (pour les pistes de danse). Insuffisant pour éviter le couperet d'une fermeture à 2 heures. « J'ai fait une demande de dérogation au mois de novembre, pour une ouverture tardive jusqu'à 4 heures du matin pour une durée de 6 mois, sans réponse pour l'instant. Mais il faudrait trouver quelque chose pour ce type de lieux, nous comme l'Ampérage. On est encadrés, aux normes, j'ai toujours été réglo…». Quand la préfecture et la mairie évoquent des plaintes du voisinage, Amine Larabi se défend : « Personne n'est venu nous dire que c'est à cause de ça qu'on devait fermer plus tôt. Ici, on est à 200 mètres des habitations. Il y a plus de problèmes avec des boîtes de nuit en ville ».

À bord du Drak-Art, 17 employés et 50 associations

L'enjeu est d'autant plus important que le Drak-Art, société privée, ne bénéficie pas de subventions. Pas moins de 17 personnes sont employées par la salle : 8 pour le bar, 5 agents de sécurité et 4 intermittents du spectacle. Une économie qui pousse à proposer plus de soirées électro : « 90% de nos soirées sont des soirées électro. Si j'avais des subventions je pourrais avoir un budget artistique, faire plus de live…Mais je ne veux pas dépendre de ça ». Ce sont aussi les associations partenaires qui font vivre le Drak-Art : « On travaille avec une cinquantaine d'associations, dont une dizaine qui sont résidentes ». Avec un principe gagnant-gagnant : les recettes des entrées vont aux associations, celles du bar au Drak-Art. « On a tous les types de musiques, tous les types de milieux, qui sont représentés ». On retrouvera plusieurs des associations fidèles au Drak-Art le samedi 11 janvier pour sa soirée d'anniversaire – entrée gratuite – avec entre autres Bass Jump, Icone ou Welcome.

Dans ce contexte, l'ouverture prochaine de la Belle électrique est accueillie avec une satisfaction teintée d'inquiétude. « Forcément on s'est fait un peu de parano, en voyant que tout ça arrive en même temps. Mais il y a besoin d'une salle comme ça à Grenoble. Moi, j'ai 48 balais, ça fait longtemps que j'attends ça. Par contre, dans une salle de cette taille [1000 personnes, ndlr] il n'y aura pas la place pour les petites associations, pour les soirées plus pointues comme celles qu'on propose ».

Il faut de tout pour faire un monde musical. Pour le Drak-Art et Amine Larabi, comme pour l'Ampérage, cette diversité est suspendue pour l'heure à des dérogations pour ouvrir plus tard, en attendant mieux.

Soirée d'anniversaire du Dark-Art, le samedi 11 janvier de 20h à 2h du matin (fermeture anticipée oblige)


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