« Devenir soi-même avant de mourir »


« – Oh ! Vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand ! Vous êtes répugnant comme un rat... – Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu'il y a dedans [... ] Je la refuse tout net, avec tous les hommes qu'elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c'est eux qui ont tort, Lola, et c'est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir. »

C'est incontestablement l'un des plus beaux textes de la littérature contemporaine, écrit par un auteur à la réputation ternie par son antisémitisme. Le Voyage au bout de la nuit, premier roman de Céline publié en 1932, est une œuvre monstre au style littéraire à part, proche de l'oralité et qualifié par l'auteur lui-même de « métro émotif ». Des mots que portera sur scène le comédien Jean-François Balmer (après la mémorable version de Fabrice Luchini) : si nous n'avons pas pu voir le résultat, la force de l'œuvre de Céline suffit à nous donner envie d'aller découvrir le spectacle. Et ainsi se confronter physiquement à Ferdinand Bardamu, héros du récit si proche de l'auteur. AM

Voyage au bout de la nuit, jeudi 20 février à 20h30, au Théâtre municipal de Grenoble


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