La rebelle

Claire Diterzi est une artiste à part dans le monde de la chanson française. Une auteure-compositrice-interprète exigeante capable de se renouveler à chaque album. Et surtout une véritable bête de scène, comme on s'en rendra compte en février à la Source. Aurélien Martinez


Le Salon des refusées, cinquième album de la Française Claire Diterzi, s'ouvre sur Le Roi des forêts, titre qui à lui seul résume parfaitement l'univers de la chanteuse : un texte d'une grande richesse tout en images porté par des guitares électriques et une voix reconnaissable entre mille utilisée comme un véritable instrument. Bref, un morceau qui a tout du tube.

Sauf qu'il ne l'a pas été : une anomalie sans doute due au fait que, dans le vaste monde de la chanson française où chacun occupe un rôle précis et bien défini, la place de l'artiste barrée et lettrée est déjà magnifiquement occupée par Camille (que Claire Diterzi admire), ce qui contraint cette dernière au second rôle (voire pire – les Victoires de la musique, par exemple, ne l'ont jamais nommée).

Une anomalie qui trouve aussi une autre cause : l'absence de compromis affichée crânement par Diterzi, qui enchaîne les albums-concepts difficilement compatibles avec le format radio, et qui semble prendre un malin plaisir à utiliser des instruments pas du tout mainstream (la viole de gambe sur le dernier album) pour un son pourtant aux entournures très pop.

Retour de Rome

Un refus de se plier à des règles implicites qui, comme de nombreux autres artistes, ne lui ouvre pas les portes du très grand public, mais lui offre tout de même une solide réputation. « C'est ce qui me permet peut-être de durer. Car le succès pervertit, il redescend toujours à un moment » nous expliquait-elle en 2011. Une réputation qui lui a même ouvert les portes de la très prestigieuse villa Médicis (à Rome), où elle a imaginé Le Salon des refusées. Une première pour une artiste de variété (comprendre : qui ne baigne pas dans la musique savante), ce qui lui a valu quelques petits soucis au début de la part de certains de ses camarades eux aussi en villégiature en Italie.

« Je me suis sentie à ma place, même si j'ai passé une année difficile pour d'autres raisons : la Villa, tu es là pour écrire, et pourtant, ça ne sort pas. Mais c'est une année dans laquelle tu engranges énormément. En rentrant à Paris, j'ai vidé tout ce qu'il y avait dans mon ordinateur, ça a été un bordel sans nom, avec plein de bouts à droite à gauche. Et en rassemblant le tout, je me suis rendu compte que j'avais quasiment l'album que je voulais faire, mais que je ne voyais pas ! » Une merveille, qu'elle défendra dans la formule classique du concert (et non du concert-théâtralisé comme avec Rosa la Rouge). Enfin, pas si classique que ça on espère !

 

Claire Diterzi, jeudi 20 février à 20h30, à la Source


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