"S'il se passe quelque chose" : drôlerie extrême

"Le Petit Bulletin" a vingt ans, et les fête en grandes pompes. Notamment en programmant un spectacle au Théâtre 145, en coréalisation avec le Tricycle. Notre choix s'est porté sur le "S'il se passe quelque chose" du jeune Vincent Dedienne : une création théâtrale à l'humour mitraillette conçue par un auteur-interprète bluffant, tant dans l'écriture que dans le jeu. Tout simplement immanquable.


Formé à l'École de la Comédie de Saint-Étienne, Vincent Dedienne est ce que l'on appelle communément un comédien. Du Hugo, du Molière, mais aussi du Guibert : il a un CV qui produit son petit effet. Qu'un artiste au parcours classique se lance dans le one-man-show a quelque chose de surprenant. Et, dans ce cas précis, de captivant.

Car il y a beaucoup de théâtre dans ce S'il se passe quelque chose. Un supplément d'âme (et de culture) qui se diffuse d'emblée sur le plateau, dès les premiers mots prononcés – ceux de Marguerite Duras. D'où l'idée que Vincent Dedienne ne fasse pas un one-man-show (terme sans doute trop connoté à ses yeux), mais un seul-en-scène (c'est même marqué sur l'affiche). Un glissement sémantique très Télérama comme dirait Gaspard Proust, qui devient une évidence ici. Oui, S'il se passe quelque chose est bien une pièce de théâtre, et Vincent Dedienne en est l'auteur-interprète ainsi que le sujet principal.

« Mon autoportrait »

Pendant 1h30, Vincent Dedienne parle donc de lui (« un sujet qui n'a jamais été abordé au théâtre »), évoquant tour à tour sa naissance en petit pamplemousse orphelin, son enfance à Mâcon (« une ville à l'image de la mort »), sa rencontre avec le théâtre, avec l'amour... Le tout porté par une écriture acérée qui renvoie dans les cordes bon nombre de comiques plus enclins à la blague facile qu'à la recherche d'une harmonie littéraire qui tienne toute la représentation.

Se référant allégrement aux stars du rire qu'il adore, notamment dans les quelques sketchs qui émaillent le spectacle (on pense par exemple à Muriel Robin lisant Brel lorsqu'il incarne la sœur de Marie-Antoinette venant de recevoir la fameuse lettre-testament), Vincent Dedienne propose un style qui lui est propre, tout en allusions et réappropriations.

Premier spectacle créé en mai dernier à Paris (mais dont on avait pu découvrir une ébauche en octobre 2011 au feu Fitzcarraldo), S'il se passe quelque chose commence à connaître son petit succès, François Rollin, l'un des maîtres incontestés de l'humour haut de gamme, ayant apporté sa patte ces derniers mois. Niveau gage de qualité, on a connu pire.

S'il se passe quelque chose, lundi 24 février à 20h au Tricycle / Théâtre 145. Dans le cadre des 20 ans du Petit Bulletin.

Réservation sur www.digitick.com


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