Polars des deux côtés des Alpes


Initiative à la fois originale et pertinente de la Cinémathèque de Grenoble : tenter un audacieux jumelage entre les polars français et italiens des années 70, à travers quatre soirées en double programme – la France d'abord, l'Italie ensuite.

Qu'est-ce qui rapproche et qu'est-ce qui oppose ses deux traditions de cinéma populaire ? Niveau points communs : le polar de l'époque tente une radioscopie de la société et de ses errements politiques, dont Yves Boisset ici et Francesco Rosi là-bas sont les emblèmes. Ce sera d'ailleurs le thème de la première soirée (le vendredi 7 février), qui réunira Le Juge Fayard dit le Shériff et Cadavres exquis, thème décliné une semaine plus tard avec la mise en miroir d'I comme Icare de Verneuil (un peu daté sur la forme, comme tous les Verneuil de l'époque, mais pas du tout sur le fond) et La Ville accuse de Sergio Martino, qui passe le cinéma engagé de Rosi à la moulinette de la série B. Ce qui permet de tels rapprochements, ce sont aussi les transports d'acteurs d'un pays à l'autre, grâce notamment au bilinguisme d'un Ventura ou d'un Marcel Bozuffi.

Pour les deux autres soirées, seront mis en miroir un polar classique et efficace de Boisset (Un condé, avec Michel Bouquet) et un film d'exploitation violent et burné signé par le stakhanoviste Umberto Lenzi (Brigade spéciale), puis deux raretés, Le Tueur de Denis de La Patellière, spécialiste de la mise en valeur de Gabin dans son dernier emploi de patriarche bourru, et Un flic voit rouge du peu connu Stelvio Massi. Avec cette rétrospective, la Cinémathèque ouvre en tout cas un terrain d'analyse passionnant qui ne demande qu'à être défriché plus avant…

Christophe Chabert

Cycle Polars Italie-France
Les 7, 8, 14 et 15 février, à la Salle Juliet Berto


<< article précédent
Quatre contre quatre