Barockeuse de diamant


Est-ce parce que son parcours a été un chemin de croix que Shannon Wright atterrit dans une église, là où on ne l'aurait sans doute jamais imaginée avant cela ? Sans doute un peu. Dans la religion du rock qui l'a élevée dès l'âge de 9 ans, la jeune femme de Jacksonville n'a jamais prétendu porter autre chose que la robe de bure, rétive à toutes les concessions du grand raout faussement indé.
 

Avec sa guitare en guise de bâton de pèlerin, Shannon a parfois quelque peu prêché dans le désert, ou devant des audiences réduites. Comme elle le confiait à Libération l'an dernier, elle gagne tout juste sa vie avec la musique et ça lui va très bien. Elle ajoutait aussi qu'en 2007, une crise de foi en la musique a failli la voir arrêter les frais. C'eût été dommage, depuis elle a sorti trois albums dont In Film Sound l'an dernier, et quand elle ne se tord pas sur son instrument pour expulser ses démons, elle irradie de lumière, a la rage – même rentrée – et le sourire – ce sourire ! – communicatifs.
 

Nul doute qu'en la Chapelle du musée dauphinois, joyau baroque circa 1662, ce petit joyau rock saura, par sa prêche solitaire, faire communier les enfants du Bon Dieu et en tirer quelque reconnaissance méritée. Après tout quand la musique entre à l'église, c'est sans doute un peu qu'elle commence à devenir sacrée.
 

Stéphane Duchêne


Shannon Wright
, lundi 10 février à 20h, à la Chapelle du Musée dauphinois


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