Offensif Offence


Resté scandaleusement inédit en France, The Offence est pourtant un des chefs-d'œuvre de Sidney Lumet : il y retrouvait Sean Connery, après avoir tourné avec lui le western La Colline des hommes perdus. Adapté par John Hopkins de sa propre pièce, The Offence se déroule dans une banlieue anglaise grisâtre et y place des personnages qui ne le sont pas moins. Notamment le sergent Johnson (Connery) qui, pour faire avouer un pédophile, n'hésite pas à utiliser des méthodes particulièrement brutales qui vont lui valoir la réprobation de sa hiérarchie.

Le sujet est calibré pour Lumet, dont l'obsession à pointer les dysfonctionnements des institutions (police, justice, journalisme, politique) soutiendra toute son œuvre jusque dans ses derniers et magnifiques jalons – son ultime film, 7h58 ce samedi-là, offrait au regretté Philip Seymour Hoffman un de ses meilleurs rôles. Mais The Offence tranche pourtant esthétiquement avec le reste de sa filmographie. La mise en scène se coule dans la tradition réaliste anglaise, tout en conservant les fulgurances du matériau théâtral original, la glauquerie du contexte et du décor faisant le liant entre les intérieurs et les extérieurs.

La séquence la plus forte est sans aucun doute celle où Johnson rentre chez lui et se met à déverser toute son amertume et son aigreur sur son épouse, rendant le personnage à la fois lâche et antipathique. Qu'un flic défendant une noble cause puisse aussi être un individu odieux et humainement médiocre, voilà de quoi troubler encore aujourd'hui les tenants d'un monde simpliste, celui-là même que Lumet n'a cessé de mettre en doute durant sa longue et passionnante carrière.

The Offence
De Sidney Lumet (1972, ÉU, 1h52) avec Sean Connery, Trevor Howard…
Mercredi 12 février à 20h, à la salle Juliet Berto


<< article précédent
Placebo et Vanessa Paradis (entre autres) annoncés cet été à Musilac