Davy Soul


Si vu d'ici, Danyel Waro a quelque peu phagocyté, bien malgré lui (pas du genre à tirer la couverture à lui), le genre maloya, ce blues de l'océan indien qui fait figure de monument en l'île de la Réunion, il s'agirait de ne pas oublier Davy Sicard. Alors on dira que Davy Sicard est l'autre figure du maloya. Et à vrai dire, au jeu pas forcément indispensable de la comparaison, on ne gagne qu'à s'apercevoir que Dany et Davy n'ont pas grand-chose en commun, si ce n'est ce genre, et bien sûr le créole – encore qu'ils l'empoignent si différemment qu'on jugerait qu'ils investissent deux idiomes distincts.

 

Quand l'un est ce lion flamboyant, comme l'arbre local du même nom, rugissant une lutte jamais éteinte avec la rage de l'insurgé, l'autre dévoile une âme soul, quelques décrochements R'n'B, au sens primordial du terme, la légèreté et la gravité mêlées de la chanson d'amour et une vraie profondeur folk. Cela ferait presque automatiquement de lui un digne héritier de l'Américain Terry Callier. Il faut dire que pour ce garçon d'origine malgache élevé aux tubes de Brown et Redding, le maloya n'a pas constitué, comme pour Waro, une immarcescible fondation. Sicard y est arrivé par les chemins détournés de ses multiples envies de musicien. L'essentiel étant qu'il s'y soit trouvé et bien trouvé.

 

SD
 

Davy Sicard, jeudi 13 février à 20h, à la Rampe (Échirolles)


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Jabberwocky le 19 mars à Grenoble