Zérénade


Il semble que la vie au cap Vert conserve bien les chanteurs locaux. On pense à Cesária Évora bien sûr, qui chanta jusqu'à la fin et connut un succès tardif, au moment de sa seconde carrière, après dix ans d'interruption. Zé Luís en est quelque part un digne et plus tout jeune disciple.
 

À 60 ans, Zé a sorti l'an dernier son premier album, après une vie passée à chanter dans l'ombre tout en continuant à pratiquer la menuiserie, son premier métier. Alors qu'il est tout de même une figure locale de la morna (genre musical originaire du cap Vert), dont il est une véritable encyclopédie, Luis remporte tardivement un concours de circonstances lorsqu'après avoir construit la scène dévolue à une rencontre musicale au ministère de la culture, on lui demande de pousser la chansonnette devant un parterre de pontes musicaux. Dans la foulée, il est signé par le label Lusafrica – celui-là même qui a permis l'éclosion d'Évora – et enregistre Serenata.
 

À son écoute, on comprend immédiatement pourquoi la tablée a succombé à l'envoûtement. Moins comment un tel chanteur a pu passer entre les gouttes du succès – même si le cap Vert n'est pas réputé pour ses pluies abondantes. C'est bien simple, quoi que chante la voix sans âge de Zé Luís, on ne peut s'empêcher de se figurer un Roy Orbison poussé au soleil de Principe, au large de la Guinée équatoriale, là où Luis a grandi. Mais il aurait alors ajouté à son timbre affolant de douceur et de sensibilité, une dose de sodade et pas mal de (cap) verdeur.
 


Sthéphane Duchêne
 

Zé Luís, samedi 15 février à 19h30, à la MC2


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