Old boy : 10 ans, toujours jeune !


Au tournant des années 2000, le cinéma sud-coréen, dopé par des lois protégeant son marché intérieur contre l'invasion des productions américaines, fait sa révolution. Surgissent alors sur les écrans des cinéastes majeurs comme Bong Joon-ho, Kim Ki-duk, Lee Chang-dong, Na Hong-jin… Une nouvelle vague que nous avons souvent défendue dans nos colonnes, et à laquelle nous consacrons logiquement une séance de notre cycle au Club, "20 ans de PB, 20 ans de ciné".

Parmi les cinéastes ayant contribué à cette effervescence, Park Chan-wook fait figure de virtuose, revisitant les genres et les récits (Thérèse Raquin transformé en film de vampires dans Thirst !) avec un style graphique archi-inventif et en ligne de mire un thème décliné en trilogie, la vengeance.

Ainsi, Old boy a offert au mouvement une reconnaissance à l'international, matérialisée des mains de Tarantino par un Grand prix cannois plus que mérité il y a à peine dix ans. Car Old boy, inspiré d'une BD, est une démonstration de ce que mettre en scène visuellement signifie. Chaque séquence, sinon chaque plan, repose sur une idée puissante, qui imprime la rétine et produit conjointement du spectacle et du sens. On y trouve aussi ce mélange d'humour noir, de quotidienneté et de mythologie qui fait le prix du polar sud-coréen.

À travers la vengeance d'un homme, emprisonné pendant dix-huit ans par un ravisseur sans visage et dont il ne connaît pas les motivations, Old boy fait ainsi défiler une certaine histoire coréenne. Une histoire qui prendrait sa source dans l'autoritarisme gouvernemental des années 80 et s'achèverait lors de la Coupe du monde de 2002, gigantesque black out dans lequel pousse une tragédie contemporaine, dont l'issue douloureuse et désespérée est filmée comme un opéra de la violence. De la bagarre épique dans un couloir tournée en un seul travelling latéral jusqu'à la scène de l'avalage du poulpe, où l'acteur Choi Min-sink fait une démonstration de son investissement total dans le rôle, Old boy est, dix ans après sa sortie, toujours aussi scotchant, impressionnant, visionnaire…

Old boy
De Park Chan-wook (2003, Corée du Sud, 2h) avec Choi Min-sink, Ji Tae-yu…
Lundi 10 mars à 20h30, au Club


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