Dark touch

De Marina De Van (Fr-Irl, 1h30) avec Missy Keating, Marcella Plunkett…


Après l'échec sans appel de Ne te retourne pas – et une dépression qu'elle évoquait dans son "roman" Passer la nuit – Marina De Van effectue un sursaut spectaculaire grâce à ce Dark touch tourné en Irlande, où elle consomme pour de bon son flirt avec le cinéma d'horreur. Tout en respectant les codes du genre et en installant un climat de terreur où suggestion et images chocs sont habilement dosées, De Van développe un propos particulièrement dérangeant sur les violences familiales et la résilience impossible.

On comprend très vite – peut-être un peu trop – que Neve, 11 ans, est victime de maltraitance de la part de ses parents et que son "don" (elle déplace les objets lors de ses crises d'angoisse) est le véritable responsable de l'incendie qui a ravagé sa maison. Cousine lointaine de la Carrie de Stephen King, Neve va se transformer en ange vengeur qui va faire payer aux adultes les abus commis sur les enfants. De Van prend clairement le parti de sa jeune héroïne, ne la diabolise jamais et cherche à comprendre par quel mécanisme terrible elle s'avère incapable de discerner les preuves de tendresse d'un potentiel assaut sexuel.

Sans compromis et d'une tristesse infinie, Dark touch prouve que c'est souvent grâce au cinéma de genre que l'on peut approcher au plus près les tragédies humaines et leurs ressorts psychologiques – comme dans le très beau Abandonnée de de Nacho Cerdà (2007), auquel il fait souvent penser.

Christophe Chabert


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