Grenoble : les municipales, côté culture

Les dimanches 23 et 30 mars se tiendront les élections municipales. Zoom en trois points sur la situation grenobloise, et plus précisément sur le sujet de la culture.


Le bilan de la municipalité sortante

Michel Destot, le maire PS qui ne se représente pas, est en poste depuis 1995. Son dauphin est Jérôme Safar, premier adjoint depuis 2008, et adjoint à la culture de 2001 à 2008. Alors quand on lui pose la question du regard qu'il porte sur le bilan de la dernière équipe municipale niveau culture, il le juge « excellent » – « surtout qu'il s'est déroulé dans un contexte de baisse continue des budgets des autres collectivités, en particulier du conseil général ». Et de citer, sur cette dernière mandature avec Éliane Baracetti à la culture (« une très grande adjointe »), la mise sur pied en 2011 du Tricycle, collectif de soutien à la création théâtrale ; le renouvellement des équipes dans certains théâtres (Sainte-Marie-d'en-Bas notamment) ; le « retard rattrapé » niveau musique avec l'ouverture en septembre prochain de la Belle électrique...

Il reconnaît tout de même quelques points à améliorer : l'animation culturelle, les arts plastiques et la vie nocturne. C'est justement sur ce dernier aspect que ses concurrents l'attaquent le plus durement, sans doute conscients que le thème est sensible depuis les déboires de l'Ampérage. Mais les reproches vont plus loin. Éric Piolle, candidat du « rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes », évoque le « dédain » de la municipalité sortante envers de nombreux acteurs culturels, quand Matthieu Chamussy pour l'UMP parle « d'une concentration des moyens sur les gros équipements culturels » et, par ricochet, « d'une souffrance pour les acteurs de moindre renommée ». Les principaux candidats reprochent ainsi ouvertement à l'équipe de Michel Destot de n'avoir pas fait grand-chose pour l'émergence, préférant favoriser une culture institutionnelle – seul le centriste Philippe de Longevialle, qui était dans la majorité Destot (adjoint à l'urbanisme), ne va pas sur ce terrain, utilisant l'expression de « bilan assez positif globalement ».

Les propositions

Forcément, la création d'un fonds pour l'émergence revient dans les programmes de nombreux candidats (Éric Piolle, Matthieu Chamussy, le divers droite Denis Bonzy...). Éric Piolle : « Il faut réconcilier ces deux mondes de la culture. Ça passe par le fait qu'il n'y ait pas de séparation entre l'adjoint à la culture et celui qui s'occupe du socioculturel. » Avec aussi, comme chez Philippe de Longevialle, l'idée d'une culture qui aille sur tout le territoire (« les festivals déjà bien ancrés doivent pouvoir se déplacer dans la ville » – un exemple ? « Le Cabaret frappé »).

Chez Matthieu Chamussy, on cause surtout finances. « Notre projet est construit autour d'une idée forte qui est celle de la diminution de la dépense publique. Dans le milieu culturel, il faudra raisonner à budget constant. Voir comment on peut produire davantage avec des moyens équivalents. » Une préoccupation budgétaire partagée par Denis Bonzy, qui propose d'être plus sélectif « en rompant avec cette façon de faire très française du jardinier : arroser un petit peu tout le monde ».

Mais malgré ces questions de budget resserré, une chose relie tous les candidats : la volonté d'imprimer leur marque en créant un grand événement, centré sur « l'identité culturelle du territoire » pour Matthieu Chamussy, sur « le foisonnement scientifique et culturel en rapport avec l'image et les nouvelles technologies » pour Philippe de Longevialle, sur « la démocratie du monde entier, en concertation avec le milieu éducatif, associatif et culturel » pour Éric Piolle (ça s'appellera la journée des Tuiles), ou encore sur le graff pour Mireille d'Ornano, candidate FN !

Même Jérôme Safar y va de sa proposition d'un « événement à grand format – ça manque à Grenoble ». Mais il pourrait suffire d'en faire croître certains – il prend l'exemple du festival du film du court-métrage, né avant Clermont-Ferrand (une référence en la matière), mais de portée moindre.

La compétence culturelle de l'agglo

C'est un serpent de mer que cette idée, jamais vraiment formalisée. Alors que tous lui trouvent des vertus. « Les limites administratives n'ont pas de sens dans le domaine de l'eau, elles n'ont pas de sens non plus dans le domaine de la culture » (Éric Piolle).

Chacun cite donc ces équipements à fort rayonnement qui pourraient sortir du giron de la municipalité. Matthieu Chamussy envisage la « requalification du Palais des sports pour en faire le zénith grenoblois » ou, pourquoi pas, la création d'un réseau spectacle vivant avec la Rampe (Échirolles), l'Hexagone (Meylan) et le Théâtre municipal de Grenoble. Jérôme Safar parle d'un réseau de lecture publique autour d'une grande bibliothèque d'agglo (dans l'ancien musée de peinture), et pourquoi pas d'une « MC3 » (avec les deux scènes nationales que sont la MC2 et l'Hexagone). « Il ne s'agit pas de faire basculer la compétence pleine sur la métropole, mais de voir comment la métropole peut se saisir de certains projets. » Matthieu Chamussy : « la ville a encore son sens, avec notamment les initiatives dans les quartiers » (Philippe de Longevialle dit la même chose). À voir comment cette demande de métropolisation de la culture, réclamée par de nombreux acteurs du milieu, avancera ou non à l'avenir...


+ la liste des neuf candidats à Grenoble

Lahcen Benmaza, sans étiquette : liste Grenoble en valeur

Denis Bonzy, divers droite : liste Nous Citoyens

Catherine Brun, Lutte ouvrière : liste Faire entendre le camp des travailleurs

Matthieu Chamussy, Union pour un mouvement populaire (UMP), Union des démocrates et indépendants (UDI)... : liste Croire en Grenoble

Maurice Colliat, Parti ouvrier indépendant : liste Unité pour la défense des droits ouvriers et des services publics

Philippe de Longevialle, centre : liste Imagine Grenoble

Mireille d'Ornano, Front national : liste Grenoble Bleu Marine

Éric Piolle, « rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes » (Europe écologie, le Parti de gauche...) : liste Grenoble une ville pour tous

Jérôme Safar, Parti socialiste (PS), Parti communiste (PC), Cap21... : liste Aimer Grenoble pour vous


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