Super Waro


En Malgache, langue qui donne son nom au blues de l'Océan indien qu'on appelle Maloya, « Maloy » signifie « dire ce que l'on a à dire ». Il était donc normal que cette musique devienne le vecteur essentiel de la musique de Danyèl Waro. Car voilà quelqu'un qui n'a jamais « envoyé dire » ce qu'il avait sur le cœur et qui pour ce faire est même allé, il y a presque 40 ans, exhumer des oubliettes de l'Histoire cette musique des esclaves interdite à la Réunion du fait de son potentiel contestataire.

Waro trouva dans le Maloya le creuset parfait de l'expression de ses idéaux (communiste et anticolonialiste fervent, il refusa dans sa jeunesse de se plier à l'obligation du service militaire, ce qui ne fut pas sans lui attirer quelques ennuis) et de la défense de la créolité, « de l'africanité, de l'indianité, de la malgachité réunionnaise », comme il le dit en aparté de son album Kabar, face à l'uniformisation prônée par « le pays de la belle langue » – à savoir la métropole.

Waro (et son accent fleuri) est devenu si emblématique du Maloya, qu'il pratique pourtant à une sauce toute personnelle, qu'il est devenu quasiment synonyme de cette musique, au point d'éclipser si ce n'est Davy Sicard, du moins Christine Salem qui sera présente à Grenoble cette semaine dans le cadre du festival les Détours de Babel et qu'il conviendra de ne pas louper non plus, si l'on aime que les choses soient « dites ». SD

Danyèl Waro, jeudi 3 avril à 19h30 à la MC2
Christine Salem, mercredi 9 avril à 20h30, à la Source


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Un sage en hiver