Une belle et sombre inconnue


Le premier album de Dillon s'intitulait This Silence Kills. « Ce silence tue. » Et effectivement, chaque fois que cette charmante Brésilienne à la bouleversante voix de poupée parlante à court de piles s'y taisait, c'était comme si notre corps se délestait de vingt-et-un grammes – le poids supposé de l'âme. Nous étions alors en 2011 : autant dire que depuis, et quand bien même cette merveille de techno-pop à fleur de peau (de porcelaine) a laissé dans nos écouteurs le dessin d'une petite mélodie qui lui ressemble, ce sont des dizaines de kilos de principe vital que nous avons laissé filer vers l'inconnu.

L'inconnu justement, ou plutôt The Unknown, c'est le titre du deuxième recueil de « poèmes chantés » au piano de la jeune protégée de DJ Koze. Plutôt des contes, à bien y réfléchir, avec ce que cela suppose d'émerveillement bien sûr (son phrasé heurté, ses mélodies si fragiles qu'on voudrait les préserver sous bulle, son toucher lourd de peine) mais aussi de noirceur et de cruauté : des penchants auxquels elle s'abandonnent désormais plus volontiers, ici le temps de chœurs funèbres comme surgis d'un disque de Matt Elliott (le très beau final démultiplié de A Matter of Time, Nowhere et ses plaintes ectoplasmiques), ailleurs en s'immergeant jusqu'à ses lèvres boudeuses dans des textures électroniques dissipant pour de bon la méprise entourant sa signature sur le label Bpitch Control (les reflux de basses du titre éponyme, le kick sous-marin d'Into the Deep). Magnifique de bout en bout.

Benjamin Mialot

Dillon, dimanche 13 avril à 17h30, au Ciel


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