Qui es-tu Printemps du livre?

Du mercredi 9 au dimanche 13 avril, le Printemps du livre de Grenoble réunira une cinquantaine d'auteurs et artistes autour du thème "seul et ensemble". Carine d'Inca, coordinatrice de l'événement, revient sur les objectifs de la manifestation. Propos recueillis par Léa Ducré


Le Printemps du livre, à quoi ça sert ?

Carine d'Inca : Ça sert à beaucoup de choses : créer du lien social, inciter à la lecture, soutenir la création littéraire et l'économie du livre, mettre en avant des auteurs y compris ceux de la région... C'est un espace de réflexion et de convivialité autour du livre.

Quel était l'objectif à la création du festival, en 2003 ?

Depuis le début, le Printemps fait le lien entre littérature et réalité. C'est une manière de montrer comment les livres enrichissent notre réflexion, non seulement sur le monde mais aussi sur nous-mêmes.

Et depuis ?

C'est le même objectif, mais le festival a évolué. Auparavant, nous favorisions les rencontres avec plusieurs écrivains. C'était parfois frustrant. Nous veillons aujourd'hui à ce que chaque auteur invité ait, en plus de ses rencontres croisées, un temps à lui, avec son public. Les lecteurs peuvent le questionner et il répond en toute sérénité. Ce moment de rencontre privilégié fait la force et l'originalité du Printemps du livre de Grenoble.

Le Printemps s'adresse-t-il principalement aux bons lecteurs?

Non, nous essayons d'attirer des publics très différents en proposant une littérature facile d'accès à côté des livres plus exigeants. Il s'agit de considérer la littérature au sens large : romans, récits, poésie, livres jeunesse, théâtre et même les essais. Notre travail entamé très en amont permet aussi d'attirer des personnes n'ayant pas une pratique courante de la lecture. Plusieurs mois avant la rencontre, nous travaillons avec les usagers de l'association Point d'eau, le public du café Nicodème, les détenus de la prison de Varces...  Cette préparation bouleverse leur relation avec la littérature. Elle l'humanise. L'écrivain redevient un être de chair et d'os.

Une personne qui n'a pas lu les livres peut quand même suivre une rencontre ?

Bien sûr ! C'est formidable de découvrir un livre en même temps que son auteur. Le Printemps est aussi l'occasion de rencontrer des écrivains que l'on ne connaît pas. Les rencontres ne sont pas des conférences ! L'auteur lit toujours un morceau de son œuvre. Un animateur le fait réagir ensuite. Ce dernier fait souvent ressurgir un passage, du sens, des choses qui peuvent même avoir échappé à l'auteur. Il décode le style et se fait le porte-parole des lecteurs. C'est bien plus riche. De plus, nous proposons d'autres formes de rencontre : des mises en scène ou en musique de la littérature. Ces temps forts du Printemps sont accessibles à tous, même à ceux qui ne connaissent pas le texte en question. C'est un peu comme se faire faire la lecture. Un plaisir ! 

Autour des rencontres, il y a des projections, des expositions, des spectacles…

Au fil des années, nous avons trouvé intéressant de croiser les disciplines artistiques. Par exemple, le Théâtre municipal accueillera cette année un spectacle dénommé Ping Pong. Le temps d'une soirée, les textes de la romancière Brigitte Giraud rencontreront les paroles d'Albin de la Simone. Comme un échange de balles sur les tumultes amoureux.

Est-ce qu'il y a un écrivain en particulier que vous mettez en avant chaque année ?

Non, nous ne jouons pas le jeu de l'invité d'honneur. Tous les écrivains sont traités de la même manière. Et bien traités ! Nous rémunérons les auteurs qui rencontrent les lecteurs dans le cadre du Printemps car nous considérons que c'est là un autre métier que celui d'écrire. Il est aussi essentiel pour nous de mettre en valeur les auteurs de la région. Cette année, Pierre Péju, Arthur Bernard, Danielle Bassez, Guy Caussé et Anne Jonas discuteront de leur travail.

Cette année, les auteurs sont rassemblés autour  du thème "seul et ensemble". Pourquoi cet intitulé ?

Le thème est choisi dans une démarche collective rassemblant les bibliothèques, les librairies, les associations. "Seul et ensemble" permet de parler de l'altérité, de ce qui nous distingue ou au contraire nous rassemble. C'est un clin d'œil au paradoxe du Printemps du livre : réunir et rassembler autour de deux pratiques solitaires, la lecture et l'écriture.

Depuis onze ans, le travail d'incitation à la lecture a-t-il porté ses fruits ?

On remarque que Grenoble est une ville particulièrement lectrice. D'une part parce que c'est une ville intellectuelle avec les universités, les emplois qualifiés... Mais aussi grâce à la bonne coopération entre les librairies et l'important réseau de bibliothèques. Le Printemps rend visible le travail réalisé par les bibliothèques toute l'année. Il n'est que la partie émergée de l'iceberg.

Est-ce que la crise du livre touche le Printemps ?

Pas vraiment, notre travail porte plus sur le contenu que sur le contenant. La littérature va peut-être se développer sur le numérique par la suite mais les écrivains seront toujours là. Nous essayons évidemment de soutenir l'économie du livre. Les librairies sont associées à la programmation. La ville leur offre un chapiteau pour qu'elles puissent optimiser leurs ventes durant ces quelques jours. Elles sont d'ailleurs très engagées dans l'événement.

Pour plus d'informationsprintempsdulivre.bm-grenoble.fr


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