Ligne d'eau

De Tomasz Wasilewski (Pol, 1h33) avec Mateusz Banasiuk, Marta Nieradkiewicz…


Plan large sur des cabines de piscine, bruits de succion, halètements… Tomasz Wasilewski nous laisse dès la première image deviner à l'oreille une pipe honteuse, sans nous dire qui suce qui. Sans doute l'athlétique Kuba, même si la scène suivante nous le montre avec sa copine, embringué dans un vernissage où ce sportif se sent comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Jusqu'à ce qu'il croise le regard du beau Michal et qu'il partage un joint avec lui. S'ensuit un triangle amoureux où l'on se tourne beaucoup autour avant de finalement se rentrer dedans, dans tous les sens du terme.

Ligne d'eau aligne ainsi les clichés du film gay (l'homo refoulé, l'éphèbe libéré, la fille progressivement mise à l'écart) sans y apporter de réelle nouveauté visuelle ou scénaristique, mais en le lestant de poncifs lourdingues. Par exemple, Kuba se traîne une mère exagérément envahissante, tandis que le père, lui, est bien entendu absent. Prévisible, le film est aussi globalement ennuyeux, avec ses séquences monotones et sans intérêt dramaturgique – travellings à travers le pare-brise d'une voiture sur de la techno vrombissante, course à travers les bois dont le sound design renvoie aux bruits entendus lors des ébats. Finalement, on ne peut s'empêcher de penser que les films d'auteur gays, parfois, sont aussi inintéressants que les mélo auteurisants hétéro ; une preuve d'égalitarisme, si on veut.

Christophe Chabert


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