"Le soleil juste après" : les voies rapides de Laurent Poncelet

Après la claque "Magie noire" en 2010, le chorégraphe Laurent Poncelet (compagnie Ophélia Théâtre) a dévoilé la semaine dernière à Crolles "Le soleil juste après" : une nouvelle création bondissante toujours conçue avec des jeunes artistes des favelas du Brésil, mais pas que. Une réussite. Aurélien Martinez


Ils sont une douzaine sur scène. Des musiciens, sur le côté, et des danseurs-circassiens, au centre. Corps sculpturaux pour la plupart des interprètes masculins, à la technique épatante. Deux jeunes filles sont aussi présentes, plus effacées. Car comme dans Magie noire, sa précédente création, Laurent Poncelet a construit son spectacle autour des propositions et improvisations des jeunes artistes, d'où sans doute la difficulté des filles à s'imposer – elles sont sous-exploitées sur scène. Ce qui n'enlève pas de force à l'ensemble, qui se vit comme un véritable cri de rage.

La moitié de l'équipe vient de Recife, au Brésil, et transporte l'énergie des favelas avec elle, d'où un rapprochement évident avec le précédent Magie noire, conçu avec des jeunes de la même ville et qui rencontra un véritable succès (quelque 70 représentations). Une recette efficace donc, que Laurent Poncelet a cette fois-ci étendue, en intégrant au dispositif des artistes marocains et un danseur togolais, ancien enfant des rues. D'où une ouverture de la focale, notamment au niveau musical.

Là-bas

Sur le plateau, une structure en métal sert d'architecture d'ensemble, de terrain de jeu aux danseurs mais aussi de murs contre lesquels ils se fracassent – le travail chorégraphique autour de cette idée de rapidité, d'urgence, est remarquable, avec notamment une recherche sur la transe.

Laurent Poncelet a ainsi monté Le soleil juste après en écoutant leurs histoires, leur vécu ; en n'édulcorant rien mais en transformant cette matière en spectacle. Un exemple : ce très beau tableau entre deux frères marocains souhaitant rejoindre l'Europe, où le rire cache une réalité plus dure. En résulte une création enthousiasmante, portée par une équipe généreuse, qui fait un bien fou.

Le soleil juste après, jeudi 22 mai à 20h30 au Jeu de Paume (Vizille), samedi 24 mai à 20h30 à la Vence Scène (Saint-Égrève), mardi 27 mai à 20h30 au Cinéma-Théâtre de la Mûre


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