Créarc un jour, Créarc toujours

Les Rencontres annuelles du jeune théâtre européen reviennent pour une vingt-sixième édition. Présentation de l'événement et discussion avec le boss Fernand Garnier autour de l'avenir incertain du Créarc, l'asso qui les porte. Propos recueillis par Guillaume Renouard


En janvier dernier, un doute planait quant à l'avenir du Centre de création de recherche et des cultures (Créarc), lové dans le Petit théâtre (quartier Notre-Dame) depuis 1976. L'ancienne municipalité, soucieuse de rebattre les cartes, souhaitait en effet le faire travailler avec l'association Théâtre ensemble autour du théâtre amateur, dans les locaux du Petit théâtre (qui appartiennent à la Ville), sans qu'on en sache beaucoup plus.

Depuis, si les choses ont un peu bougé, le mystère demeure entier, comme l'explique Fernand Garnier, son directeur : « Nous avons mis en place un groupe de travail avec l'association Théâtre ensemble, et conclu à l'impossibilité de faire coexister les deux associations dans le même lieu, tout en affirmant qu'elles étaient prêtes à travailler ensemble sur le théâtre amateur dans d'autres conditions matérielles. En parallèle, la nouvelle mairie nous a annoncé que le projet était abandonné. Nous avons été reçus par Corinne Bernard, nouvelle adjointe aux cultures. L'échange s'est bien passé, mais les modalités n'ont pas encore été étudiées. » De plus amples discussions sont prévues à l'automne.

D'ici là, l'association aura vécu un changement majeur. Fernand Garnier, son fondateur et président historique, va quitter son poste pour se consacrer au développement de la dimension européenne de l'asso. Sur décision du conseil d'administration, son fils Romano Garnier reprendra la barre.

« Travailler sur la mémoire de l'Europe »

En attendant, la 26eédition des Rencontres du jeune théâtre européen, projet phare du Créarc, débute cette semaine. Au programme, des compagnies de toute l'Europe, et de nombreux spectacles bien sûr, certains empruntant au répertoire contemporain, d'autres mélangeant les genres (théâtre, danse, clown…), d'autres encore se déroulant en pleine rue. Mais aussi un grand débat animé par Jean-Michel Lucas, ancien conseiller au cabinet de Jack Lang, avec un thème inspiré de la devise de l'UE : Unité et diversité, l'enjeu culturel.

Pour la cérémonie de clôture, les organisateurs ont vu les choses en grand. En tout, 200 comédiens, chanteurs et musiciens entameront une parade géante dans les rues de Grenoble, avant de se diriger vers le Théâtre de Verdure du Musée de Grenoble pour y jouer Noces de sang, de Federico Garcia Lorca. « Nous avons choisi cette pièce car Lorca l'a écrite en 1931 pour la Barraca, théâtre itinérant subventionné par le gouvernement républicain espagnol. La guerre civile a éclaté peu de temps après, Lorca a été arrêté par les franquistes et fusillé. Il nous semblait intéressant de travailler sur la mémoire de l'Europe, et en particulier sur le XXe siècle et ses guerres idéologiques. Tous les participants aux rencontres ont été invités à lire la pièce, et différents ateliers vont travailler dessus autour de langages différents. Jeu d'acteur, commedia dell'arte, danse, batucada… Tout cela sera intégré dans la cérémonie de clôture. »

26e Rencontres du jeune théâtre européen, du 4 au 13 juillet, à Grenoble (divers lieux)


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