Les beaux mouvements

Après les incontournables festivals de l'été, cap sur la rentrée. Le Petit Bulletin vous propose une sélection "classique" d'ouvrages à découvrir dans vos salles. Suivez le guide. Régis Le Ruyet


En 2004, après quinze années de cale sèche, le Cargo culte dessiné par André Wogenscky reprenait enfin le large sous le nom de MC2. Lors de la restructuration du bâtiment, l'équipement se dota d'un auditorium à l'acoustique exemplaire prêt à accueillir de prestigieuses formations et soirées. Menée par Leonard Slatkin à la direction de l'Orchestre National de Lyon, la Nuit américaine de la MC2, le jeudi 25 septembre, brillera des firmaments de la bannière étoilée. Humour, parodie et notes sarcastiques : dans le Divertimento pour orchestre que Berstein composa à la fin de sa vie pour l'Orchestre de Boston, l'auteur de West Side Story se souvint des fanfares de son enfance et, dans une profusion de styles, emprunta quelques souvenirs de chef à Beethoven et Tchaïkovski. Ce concert donnera également à entendre le violoniste et natif de Chambéry Renaud Capuçon (photo) dont l'archet pyrotechnique illuminera le Concerto pour violon et orchestre d'Erich Wolfgang Korngold.

Autre temps fort de cette saison à la MC2 : après la parution au disque en 2005 de la Symphonie imaginaire de Rameau par Marc Minkowski et ses Musiciens du Louvre Grenoble, la formation baroque commémora avec Les Boréades, le vendredi 3 octobre, le 250e anniversaire de la disparition du Dijonnais. Composée peu avant sa mort en 1763, la première interprétation de l'œuvre, à Londres par John Elliot Gardiner, devra attendre 1975. Pour le second rendez-vous Farinellien des MDLG à la MC2, le mardi 9 décembre, Marc Minkowski cèdera la baguette au premier violon de l'orchestre Thibault Noally. Un récital d'airs castrat qui passionnera l'envoûtante mezzo soprano Marianne Crebassa.

Renforcer l'union

Très fortement attendue dans l'enceinte de la MC2, le mercredi 8 octobre, la formation originale du Chamber Orchestra of Europe fût créée par d'anciens membres de l'Orchestre des Jeunes de l'Union Européenne atteignant la limite d'âge. Sans chef attitré et à géométrie variable, ses instrumentistes de quinze nationalités œuvrent déjà dans les meilleures phalanges et conservatoires européens. Invitée de l'ensemble, la star du violon Janine Jansen devrait sublimée le Concerto n°3 de Mozart. S'ajouteront à ce programme la Symphonie n°39 du pré-cité, un pastiche de Alfred Schnittke Moz-Art à la Haydn et Le tombeau de Couperin, une pièce méditative de Maurice Ravel que le Français dédia à ses amis disparus au front lors de la Première Guerre mondiale.

Un hommage à la grande Histoire que rendront également dans l'auditorium de la MC2 Les siècles et François Xavier Roth, le samedi 29 novembre. Ainsi Karl Koop Konzert de Bernard Cavanna mettra à l'avant scène un accordéon passé non loin des tranchées ; et pour accompagner le grinçant réaliste de cette pièce contemporaine, la formation sur instruments d'époque combinera à ce programme la finesse mélodique de la Symphonie n°7 de Beethoven et l'une de ses œuvres oubliées intitulée La victoire de Wellington.

À Échirolles, au Musée et à Seyssins

Claveciniste nommé docteur honoris causa pour ses recherches sur les Passions de Bach, le chef néerlandais Ton Koopman est également un habitué à la direction de l'Orchestre National de Lyon. C'est avec cette phalange (et la complicité du pianiste Emmanuel Ax dans le Concerto pour piano n°27 de Mozart) que le maestro ouvrira le jeudi 13 novembre les concerts classiques la Rampe. Compagnons d'aventure de la salle d'Échirolles, les membres du Quatuor Debussy attendront quant à eux le mardi 13 janvier pour confronter leurs archets aux dérapages improvisés du pianiste Jean-Philippe Collard-Neven et du contrebassiste Jean-Louis Rassinfosse.

Retour à Grenoble : cela fera bientôt vingt ans que Musée en musique marie les accords et les toiles au gré des accrochages du Musée (de Grenoble, donc !). En relation avec l'exposition de Giuseppe Penone, artiste italien du courant Arte Povera, l'institution nichée dans le musée proposera, le dimanche 23 novembre, un Voyage entre Baroque et Contemporain. Une journée musicale aux vues larges qui accordera en fin d'après-midi Bach au marimba. Dans ce même espace, le pianiste et transfuge russe Mikhail Rudy, à qui la France offrit l'hospitalité dans les années 70, proposera le jeudi 22 janvier un mariage exceptionnel entre les images animées du plafond du Palais Garnier peint par son ami Chagall et des harmonies de Gluck, Mozart et Debussy.

Enfin, pour terminer ce tour d'horizon sélectif, notons que l'association Autre Horizon, investie dans l'élaboration d'une saison de chambre de qualité, accueillera, le mardi 7 octobre à l'église de Seyssins, le jeune franco suisse François-Xavier Poizat. Né à Grenoble, ce solide soliste bardé de prix démarra à onze ans une prodigieuse carrière. Au menu du récital : Prélude et fugue en mi bémol de Bach, la Sonate Waldstein de Beethoven, Quatre mazurkas et Douze études de Chopin. Quant à la Fabrique opéra, pour savoir qui entonnera en mars au Summum l'air de la Reine de la nuit, rendez-vous prochainement.


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La rentrée des soirées