Fantasmagories corporelles


De tout temps, l'homme a représenté l'homme en art. Le sujet pourrait ainsi paraître éculé, et pourtant certains artistes contemporains usent encore de cette matière avec beaucoup de fécondité, sans réinterpréter mais réellement en inventant. Des hybridations humaines-animales de Dominique Lucci aux corps entremêlés de Hui Zheng, la nouvelle exposition de la galerie Ex Nihilo en donne une parfaite illustration. Tous deux membres du collectif Sous vide (dont quatre autres artistes font partie et sont également présentés), leurs dessins offrent une vision diamétralement opposée du corps, si bien dans la forme que dans l'essence, et pourtant leurs œuvres semblent portées par un même besoin de dévoiler la nature.

Si le premier esquisse au gré de scènes surréalistes un univers bucolique dans lequel l'homme se métamorphose en bête comme pour mieux dépeindre l'absurdité du monde, la deuxième joue de l'aquarelle dans une forme d'intimité intimidante dans laquelle deux hommes s'étreignent charnellement, malgré leurs articulations anguleuses, non sans un certain rappel aux œuvres de l'artiste autrichien Egon Schiele. Là où le trait est net et épais chez Lucci, il est au contraire flou et fluide chez Zheng, mais toujours au service d'une opération d'organes qui mène à une fusion troublante des corps en action, avec fantaisie.

Charline Corubolo

Sous vide, jusqu'au samedi 27 septembre, à la galerie Ex Nihilo


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