Le monde est gris


Si l'histoire de l'art est jalonnée par des "révolutions" successives (le milieu du XXe siècle fût marqué par une explosion des matériaux), le début du XXIe siècle semble être porteur d'une certaine banalisation du « street gallery art » ! Et on n'aura de cesse de le répéter dans ces colonnes : passer de la rue à la galerie n'est pas chose aisée. C'est pour cela qu'il est important de souligner que le jeune artiste Kurar a passé l'épreuve du feu avec succès. Et c'est l'une des premières forces des œuvres qu'il présente à la Nunc ! Gallery : elles s'apparentent à la rue mais n'y appartiennent pas.

Fort d'une technique au pochoir redoutable, Kurar dépeint un monde désenchanté où la figure de l'enfance est noyée dans un environnement à la dérive. Nappées de camaïeux gris (référence aux codes de la rue), les toiles baignent dans une atmosphère de contradictions mélancoliques : un enfant des années 1900-1930 est propulsé dans un espace contemporain avec télé ou centrale nucléaire, les gris se heurtent aux détails colorés, l'innocence infantile contraste avec les signes satiriques évoqués. Cette tension picturale, accentuée par des plats balayés de coulures, offre une auscultation du monde au scalpel, tel un chirurgien de la bombe.

Charline Corubolo

Kurar, jusqu'au samedi 25 octobre, à la Nunc ! Gallery


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