La nuit et le jour nous appartiennent

L'exigeant et excitant festival Jour & Nuit en est à sa quatrième édition. Et à sa dernière totalement hors les murs, l'asso aux commandes (MixLab) étant celle qui va s'occuper de la Belle électrique une fois que la salle sera ouverte – en décembre. Mais parlons du présent, et de la programmation découpée en plusieurs morceaux, avec un volet concert et un autre clubbing, notamment au Boulodrome de Grenoble. Classe. Stéphane Duchêne et Damien Grimbert


Côté concerts

En ouverture du festival, on opère d'emblée un saut quantique vers la Bobine entre l'Angleterre et l'Amérique du Sud, avec l'Anglais de Colombie Will Holland alias euh... Quantic donc, DJ producteur et multi-instrumentiste mélangeant électro et musiques d'Afrique, des Caraïbes et de chez lui aussi pour une sorte de trip en totale flottaison – à l'image de son album Magnetica farci de collaborations venues de partout.

Le lendemain au Ciel, on ne pouvait rêver mieux qu'Isaac Delusion pour continuer dans cet esprit, avec ce qu'on pourrait appeler un groupe de décollage – ou qui, au moins, nous empêchera de réaterrir. Le duo parisien nous fait renouer avec un style qui avait pu paraître désuet, ici de nouveau au goût du jour : la dream pop, cette manière de faire flotter les mélodies sur des nappes de claviers, d'y poser à peine le voile d'une voix – qui plus est si singulière – et de réussir à faire tenir tout cela à mille coudées au-dessus du sol. Sorti en juin, le premier album du groupe est de ce point de vue une petite merveille de grâce, d'inventivité et de jolie rêverie qui ne renonce pas à se faire dansante à l'occasion.

Merveilles de hits

Inutile de dire que le lendemain à la Source, l'ambiance sera toute autre. Déjà, on va prendre quelques années mais sûrement pas dans les jambes avec Sonny Knight & the Lakers (de Minneapolis, ses Lakers, comme l'équipe de basket originelle avant qu'elle ne déménage en Californie) qui, malgré une carrière longue longue mais parfois semée d'embûches, a donné dans la soul et le doo-wop et n'en est qu'à sa toute première tournée française.

Cela ne devrait pas déplaire au transformiste Gaspard Royant (photo) que l'on avait connu folkeux smithien (Elliott Smith donc) à barbe et qui a opéré il y a de longs mois un changement à 180 degrés pour donner dans le rock rétro bien mis et fort bien fait – travaillé jusque dans les moindres détails de son imagerie vintage. Ce qui nous a valu une volée de singles à faire se déhancher une poutre et un album baptisé 10 Hits Wonder avec lequel le Haut-Savoyard est parvenu en quelque sorte à réaliser son rêve : être « aussi cool que Marty McFly » et se réveiller en 1955. Ne vous avisez donc pas de le traiter de « poule mouillée », il vous en cuirait.

Quantic, jeudi 25 septembre à 20h30 à la Bobine

Isaac Delusion, vendredi 26 à 20h30 au Ciel

Sonny Knight & The Lakers + Gaspard Royant, samedi 27 à 20h30 à la Source

 

Côté soirées

Comme indiqué plus haut, c'est donc au Boulodrome de Grenoble, à l'Esplanade, que se déroulera cette année le pôle d'attraction majeur que constituent les nuits du festival. Autant dire qu'on a déjà hâte de redécouvrir ce lieu dans un contexte festif, d'autant que c'est l'excellent collectif d'architectes, graphistes et designers AV Exciters qui sera en charge de la scénographie et plus largement de l'environnement visuel. Mais venons-en à la partie musique ! La nuit du vendredi sera composée d'un chassé-croisé incessant d'influences européennes et américaines, avec d'un côté le Lyonnais Emilien, alias Kosme, passionné de longue date des classiques house de Chicago et techno de Detroit, et de l'autre l'Américain Seth Troxler, grandi à Detroit et désormais installé à… Berlin.

Fondateur du label de référence Visionquest, et star internationale incontestée du deejaying électronique de qualité, Troxler fait partie de ces artistes à ne manquer sous aucun prétexte, quelque soit votre degré d'affinité avec l'univers des clubs. Au même titre d'ailleurs que le troisième homme de la soirée, le New-Yorkais Levon Vincent, un poil moins connu peut-être du grand public que son compatriote, mais dont les sets sont capables de provoquer le même degré d'excitation pure auprès des aficionados house/techno.

Bouquet final

Si la pression devrait monter très haut dès le vendredi, n'allez pas croire pour autant qu'elle risque de retomber le lendemain au vu de l'affiche concoctée pour cette dernière nuit. Au programme, deux incontournables de la scène club européenne, la Grenobloise exilée à Berlin Miss Kittin, dont on ne vous fera pas l'affront de retracer les divers exploits, et l'hypnotique duo Âme, figure de proue depuis de nombreuses années déjà de la scène berlinoise canal historique.

Pour autant, il n'est pas impossible que ce soit un autre duo qui crée la surprise, en l'occurrence les Londoniens de Horse Meat Disco, qui auront la charge, aux côtés du Grenoblois Smart (Icône), d'ouvrir les hostilités. Crate-diggers érudits, passionnés de longue date par les riches heures de gloire la disco et du funk, ils auront pour eux l'avantage d'apporter un peu de chaleur, de groove et de fun au sein d'une programmation de haute volée, mais somme toute passablement homogène.

Nuit 1, vendredi 26 septembre à 23h, au Boulodrome

Nuit 2, samedi 27 septembre à 23h, au Boulodrome


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