Graphiquement pop


Qu'on ne s'y méprenne pas : Art in pop ne veut pas dire pop art. La nouvelle exposition du Magasin fait ainsi écho à l'ouverture prochaine de la Belle électrique, salle dédiée aux musiques amplifiées attendue début 2015 à côté du centre d'art. Avec cette proposition intéressante (mais un brin sous-exploitée), le Magasin explore les liens entre le monde de la musique et celui de l'art.

Plus spécifiquement, l'ensemble étudie les relations qui se sont établies dans les divers champs de la création chez des musiciens ou des personnalités influentes de la pop ayant étudié dans des écoles d'art dans les années 1960-1980. Logique donc d'introduire cette période avec celui qui incarne l'éclatement de cette notion artistique en la personne du Britannique Malcolm McLaren, agent des Sex Pistols et mari de Vivienne Westwood mort en 2010. L'exposition accorde une place centrale à ce personnage qui, pourtant, n'offre pas un intérêt immense niveau plastique.

Pulsions créatrices

Contrairement à l'Américain Daniel Johnston dont les dessins et peintures dévoilés à l'entrée déploient un univers fait de super-héros, de créatures fantastiques et de femmes proche d'une esthétique comics. Du trait du stylo jaillit un visuel graphique bouillonnant, soulignant la créativité plastique et musicale de l'artiste.

On retrouve chez d'autres musiciens comme l'Américain Cris Kirkwood, de Meat Puppets, le même trait singulier qui colle à la musique de son créateur. Les aquarelles de Kirkwood esquissent un environnement hallucinogène dans lequel des monstres psychédéliques envahissent la page.

Dans une veine encore plus plastique, l'Américain Don Van Vliet, plus connu sous le nom de Captain Beefheart, se pose comme l'exemple du glissement entre musique et art. Délaissant sa pratique de musicien dans les années 1980 pour s'adonner entièrement à sa peinture, Don Van Vliet éprouve l'huile sur de grands formats et offre des toiles sombres et colorées.

Mais Art in pop ne se concentre pas seulement sur des individualités et met en place aussi des salles de "famille", comme celle dédiée à John Miller. Regroupant autour de lui toute une génération, l'artiste américain présente une sélection d'œuvres d'autres artistes avec qui il collabore. L'espace offre ainsi un ensemble hétéroclite mais révélateur d'une période, d'un groupe qui se questionne sur la culture et le corps. À l'image de la salle élaborée par le plasticien suisse John Armleder, accompagné par Genesis P-Orridge et Alan Vegan. Au milieu des croix murales et sculpturales se dessine un univers où tout est source de création.

Art in pop, jusqu'au dimanche 4 janvier 2015, au Magasin


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Allégresse mélancolique