Éliane Baracetti, « marin à la marine »

Suite au départ à la retraite de Janine Goubet, Éliane Baracetti a été nommée en février dernier à la tête du Grand Angle, immense salle (jusqu'à 2 400 places) située à Voiron. L'ancienne directrice de la Rampe d'Échirolles (entre 2001 et 2008) revient donc à ses premières amours après un passage par la case politique – elle a été, entre 2008 et 2014, élue à la culture de l'ancien maire de Grenoble Michel Destot. Rencontre. Propos recueillis par Aurélien Martinez


Vous arrivez à la tête du Grand Angle, salle iséroise particulièrement centrée sur l'éclectisme...

Éliane Baracetti : Je n'emploierais pas le mot éclectisme. Il me dérange parce que ça fait un peu bazar à la bonne franquette. Le Grand Angle est plutôt une salle pluridisciplinaire, avec une grande diversité. Historiquement, il a toujours fait le grand écart, et de manière réussie, entre les têtes d'affiche, la partie plus showbiz, et un vrai travail, digne du service public de la culture, de soutien et d'accompagnement de spectacles peut-être moins évidents. En tant que nouvelle directrice, je m'inscris dans la continuité de cette ligne.

Au-delà de la continuité, quelles sont les spécificités de votre projet ?

J'ai vraiment défendu l'idée de croisement des langages artistiques. Je ne suis pas pour le cloisonnement théâtre, danse, musique, humour... Bien sûr, ce n'est pas une révolution, des artistes se préoccupent depuis bien longtemps de ces questions, mais c'est un sujet qui m'intéresse beaucoup et qui a toute sa place dans une salle pluridisciplinaire. Sinon, je voudrais avoir à l'année des artistes compagnons de route. Ce ne seront pas des résidences, l'idée étant plutôt que trois fois dans l'année, des artistes, au lieu de passer seulement un soir avec nous, restent une semaine et puissent être plus présents dans la cité – pas seulement sur le plateau donc, mais partir aussi à la rencontre des habitants, aller dans un centre social, une école... Un dernier point enfin : le Grand Angle est un équipement de la Ville de Voiron certes, mais aussi du Pays voironnais, un territoire de 34 communes assez étendu avec 90 000 habitants : il y a un véritable enjeu territorial. Il faut que tous les habitants sentent que le Grand Angle est leur équipement, en décentralisant des spectacles par exemple, en diffusant l'éducation artistique et culturelle, en travaillant avec les associations des territoires... Tout ça est en train de se mettre en place.

Vous revenez donc à la direction d'un équipement culturel après un passage par la case politique, passage auquel vous avez vous-même souhaité mettre un terme avant l'élection (Éliane Baracetti n'était pas présente sur la liste de Jérôme Safar). Pourquoi ce choix ?

J'ai toujours dit, quand j'étais adjointe, que je n'avais pas l'intention de faire carrière en politique. Je suis venue parce que je pensais que mon expérience pouvait modestement être utile à la cité. Je me suis toujours qualifiée de marin à la marine : eh bien le marin revient à la marine et j'en suis vraiment très heureuse.

Vous avez candidaté au Grand Angle du temps de l'ancienne municipalité de gauche. Depuis, le nouveau maire, Julien Polat, est UMP. Or, vous avez été élue à la culture d'un maire PS... Une situation plutôt atypique !

Je ne suis pas du PS ! Je ne renie pas ma sensibilité, mais je suis quelqu'un de la société civile, je n'ai jamais été encartée. Même si oui, j'ai appartenu à une majorité de gauche. Pour répondre à votre question : sur Voiron, ce qui compte, c'est ce que je vois des projets de politique culturelle de la Ville. Et pour l'instant, ils correspondent à mes convictions, au projet que j'ai défendu.


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