Songs from a room


Est-ce parce qu'elle les enregistre avec son mari que les disques de Rebecca Martin donnent l'impression d'une si grande intimité, au point qu'en les écoutant on aurait presque peur de déranger ? Sans doute un peu. D'ailleurs, le couple a enregistré Twain, le sixième album solo de l'Américaine, dans une chambre. Bien évidemment, cela ne peut marcher que si votre mari n'est pas n'importe qui. En l'occurrence, celui de Rebecca Martin s'appelle Larry Grenadier, connu des amateurs de jazz pour constituer un tiers du trio du pianiste Brad Mehldau (où il tient la contrebasse). Cela ne peut marcher également que si vous disposez d'une nature adéquate – sinon il serait donné à quiconque chantonne dans sa chambre d'obtenir le même résultat, ce qui serait trop facile.

 

Or Rebecca Martin, réfractaire à tout effet vocal superfétatoire, a toujours chanté comme à confesse, comme on chuchote l'amour au creux de l'oreille de peur qu'il ne soit gâté par le fracas du monde. Un critique du New York Times a écrit un jour que Rebecca Martin réussissait le prodige de faire de sa voix « un instrument de modestie » et, pour ainsi dire, d'effacement. Dans un genre – le jazz – où la virtuosité fait souvent loi, et dans une discipline – le jazz vocal – relativement surpeuplée de funambules de la luette, l'ex-petite fille du Maine fait joliment tache. Comme une folkeuse qui se serait volontairement égarée en chemin. SD

 

Rebecca Martin, mardi 4 novembre à 20h30, à la Faïencerie (La Tronche)


<< article précédent
« Friend request » du Musée de Grenoble