De la terre à l'éther


Dans De la Terre à la Lune de Jules Verne, le Gun Club de Baltimore mettait trois explorateurs des temps modernes en orbite façon homme-canon. Dans Le Château des étoiles, nouvelle BD d'Alex Alice, dessinateur de l'indispensable saga ésotérique Le Troisième Testament, c'est l'éther, une mystérieuse énergie irriguant l'atmosphère, qui doit permettre à un ballon de rejoindre le firmament.

Passé cette parenté contextuelle (la révolution industrielle revisitée à travers le prisme de l'anticipation), Le Château des étoiles affiche sa différence. Car aux considérations scientifiques hardcore de l'auteur du XIXe siècle répondent ici les rêveries de Séraphin, adolescent décidé à mener à leur terme, à l'invitation d'un mystérieux commanditaire bavarois, les recherches ayant coûté la vie à sa mère. Quitte à barrer la route d'un Bismarck ivre de conquête, raccord historique prétexte à de désastreuses aventures (pour reprendre la terminologie des romans de Lemony Snicket, avec lesquels le récit partage une certaine fantaisie aristo) aussi trépidantes que magnifiquement aquarellées. Alex Alice délaisse ainsi les panoramas crépusculaires qui l'ont révélé pour conjuguer les perspectives ornementales de l'art déco et les barbouillages pastel des studios Ghibli. Autant dire que l'avenir à l'écran de ce luxueux diptyque est, du moins l'escompte-t-on, tout tracé.

Benjamin Mialot

Alex Alice, vendredi 7 novembre à partir de 16h, à la librairie Momie


<< article précédent
Le Café Noir, queer as Grenoblois