Robots après tout


Sans objet du génial Aurélien Bory est un spectacle qui connaît un succès incroyable depuis sa création en 2009. Au centre de la scène, un impressionnant robot issu de l'industrie automobile devient un interprète à part entière – le seul même dans les premières minutes de la pièce. Mais un interprète atypique qui contraste avec les deux autres, humains eux : une confrontation au cœur du projet qu'Aurélien Bory dépasse très vite, ne réduisant pas son aventure à un simple concept. Un semblant de dialogue se crée même entre les hommes et la machine, le bras articulé orchestrant une danse avec les acrobates – il les fait notamment virevolter.

Poursuivant la réflexion de Chaplin amorcée dans son film Les Temps modernes, Aurélien Bory en livre une vision décalée emplie de poésie où le spectaculaire est présent dans chaque tableau, jusqu'à un final plastiquement splendide. Sans objet devient alors une réflexion sur l'humanité possible dans la technologie, le fameux robot étant extrait de son environnement de départ pour être exposé sur un plateau de théâtre, endroit où il n'a a priori rien à faire. Sauf si on le considère comme un acteur manipulant des objets vivants – nous, les êtres humains – qui doivent alors s'y plier tout en ayant l'impression d'être libres. Vu dans ce sens et appliqué à des objets technologiques de la vie quotidienne, le spectacle est tout simplement effrayant.

Aurélien Martinez

Sans objet, jeudi 13 et vendredi 14 novembre à l'Hexagone (Meylan)


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