À cœur Joy


Ceux qui se souviennent de Venus – et comment ne pas s'en souvenir ? – ont certainement toujours à l'esprit le timbre unique de la voix du groupe, Mark Huyghens. Dès les premières notes jouées par Joy, le projet qui lui a succédé, ce timbre se rappelle instantanément à la mémoire. Pour y faire une marque peut-être même encore plus profonde. Car autour, on ne retrouve rien de la belle emphase de Venus, plutôt un dépouillement qui pousse la voix du Belge à résonner plus en avant.

 

Joy, c'est donc au départ, en 2010, Huyghens avec une percussionniste (Françoise Vidick) montée sur un kit 60's rénové par ses soins et une violoncelliste ; tout ce petit monde baignant dans une atmosphère de transe qui fleure bon la fin des haricots. Le remplacement du violoncelle par une basse, celle de Katel, amorce un virage esthétique sur le second album All the Battles. Moins lancinant, plus incisif, plus pop aussi. Mais entre la voix traînante et les orages (de guitares) électriques d'Huyghens, les chœurs battants et les coups de boutoirs inexorables de Vidick et de Katel, c'est tout de même, en fond, un paysage musical désolé, aussi effrayant que fascinant, que donne à voir Joy (plutôt mal nommé donc). Comme des variations en ombre chinoise sur l'univers – les univers même – exposés jadis par Venus et qui rappellent le nihilisme au clair de lune du film La Nuit du Chasseur où Huyghens l'enchanteur trouble et changeant aurait endossé les habits du révérend Powell.

 

Joy + Hell's Kitchen, samedi 15 novembre à 20h30, à la Source (Fontaine)


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