Didier Pobel, futur immédiat


Didier Pobel. En voilà un nom familier. Peut-être parce qu'une des rédactrices du Petit Bulletin porte le même patronyme – ce qui, nous le confessons, n'a rien d'un hasard. Probablement parce qu'il est le seul blogueur dont les billets sont cités dans la revue de presse matinale de Bruno Duvic sur France Inter. Sans doute parce qu'il fut pendant trois décennies le directeur des informations générales du Dauphiné Libéré avant qu'il ne se résigne, constatant son impuissance à entraver la marche du monde vers la vacuité dématérialisée, à passer de l'autre côté des rotatives.

Ce difficile retour à l'oisiveté, qui se doublera au terme d'un fâcheux office de la Faucheuse d'un non moins pénible retour à la terre, Didier Pobel le raconte, avec une désarmante franchise et dans une langue d'une admirable malice musicale – on n'est pas dépositaire du prestigieux grand prix de poésie de la Ville de Lyon pour rien – dans Un beau soir l'avenir, sorte de journal d'une désintoxication dont les twelve steps seraient autant de vers d'Aragon. Son précédent ouvrage, Couleur de rocou, avec son narrateur persuadé d'avoir ingéré des champignons toxiques, évoquait un remake kafkaïen d'Into the Wild. S'il était un film, Un beau soir l'avenir serait pour sa part, à la façon dont les choses de la vie – du décompte des contradictions d'un métier à la fois dévorant et futile à l'égrainage des souvenirs familiaux et géographiques qui rendent supportable la fuite du temps – s'y condensent dans le regard bouleversant d'un chien, un Claude Sautet converti à la 3D par Godard.

Benjamin Mialot

Didier Pobel, samedi 15 novembre à 15h, à la librairie Decitre

Un beau soir l'avenir (La Passe du Vent)


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