Musique en exil


Formé en 1982 en Lybie dans un camp de Touaregs originaires du Mali, le groupe Tinariwen est l'auteur d'une musique née dans l'exil. Cela se ressent dans leurs compositions, qui empruntent à la fois à différents folklores nord-africains, à la musique touareg traditionnelle ainsi qu'au blues et au rock découverts à la fin des années 70 à la bordure des grandes villes. Mais également dans les thèmes abordés par leurs morceaux, partagés entre revendications pour la reconnaissance du peuple touareg nomade et nostalgie d'un désert dans lequel leur culture s'est construite, mais que la situation politique agitée leur empêche d'arpenter de nouveau.

Cette musique, à la fois simple, dépouillée, majestueuse et d'une puissance d'évocation sans pareil, découverte par le public occidental à l'orée des années 2000, aurait très bien pu sombrer avec les années dans l'écueil de la world music bien intentionnée et aseptisée. C'est un peu d'ailleurs ce que laissait appréhender le contexte de création d'Emmaar, leur dernier album en date, enregistré, en raison de l'instabilité que connaît le territoire malien actuellement, dans le désert de Mojave de Californie, en compagnie d'une poignée de guests américains de renom comme Saul Williams ou le guitariste des Red Hot Chili Peppers Josh Klinghoffer. Une seule écoute pourtant suffit pour comprendre que le groupe a réussi à conserver la même intensité salvatrice sur ce dernier opus que sur les précédents, preuve d'une intégrité artistique restée aussi intacte qu'au premier jour, plus de trente ans après sa création.

Tinariwen, mercredi 3 décembre à 19h30 à la MC2


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