Morel et Choplin, un peu plus près de Tchernobyl


La Nuit tombée d'Antoine Choplin (auteur qui est aussi le directeur du festival l'Arpenteur) est un roman fort qui se confronte à la catastrophe de Tchernobyl à travers une figure singulière : celle d'un père qui veut absolument retourner sur les lieux du drame pour récupérer la porte sur laquelle sa fille aujourd'hui décédée a laissé des traces. Un voyage sur un temps très court, avec la nuit en toile de fond, au plus près des habitants de cette zone interdite. « Je n'ai pas fait un travail de journaliste ; mon but était surtout de comprendre ces personnes et de partager des instants avec elles, autour d'un verre de vodka ou en chantant » nous avait expliqué Antoine Choplin lors de la sortie du livre en 2012.

La metteuse en scène Chantal Morel, figure grenobloise d'un théâtre exigeant centré sur le verbe, a décidé de monter ce texte avec deux comédiens. Après l'avoir créé ce printemps dans la cadre du Festival de caves, elle redonne le spectacle dans son Petit 38 qui porte bien son nom : chaque soir, dans ce lieu exigu, le spectateur est comme le lecteur, au plus près des personnages, comme immergé avec eux – grâce notamment à la bande son évocatrice. Avec une économie de moyens et un brin de lyrisme appuyé, Chantal Morel livre une proposition (baptisée Ce quelque chose qui est là) tendue, centrée sur certaines figures du récit – dont un poignant liquidateur de centrale à l'agonie. Et recrée un bout d'Ukraine dévastée en tout juste une heure.

AM

Ce quelque chose qui est là, jusqu'au jeudi 15 janvier, au Petit 38

 


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