Le shaker The Dø


On ne saurait faire boire un âne qui n'a pas soif. On ne saurait non plus convaincre un réfractaire à la voix d'Olivia Merilahti, moitié du duo parisien The Dø (avec Dan Levy), de changer d'avis – c'est visiblement un point de crispation pour beaucoup. D'accord, on touche là à la part la plus subjective de la musique, celle liée aux sensations, aux émotions. Et puis on ne peut pas leur donner complètement tort (aux réfractaires), tant le dernier album de The Dø a un côté rugueux, bourré d'aspérités, du fait donc de cette voix atypique (le morceau Trustful Hands en exemple parfait) et des nouveaux chemins arpentés par les deux musiciens. Ce qui est en soi une bonne nouvelle.

Car, on le rappelle, The Dø, c'est à l'origine le hit entêtant et un brin lisse On my shoulders. Sauf que c'était début 2007, et depuis, les Dø ont fait du chemin. Ont pris des détours (Both Ways Open Jaws, deuxième album baroque qui s'ouvrait sur le très beau Dust It Off) pour revenir à une pop plus pop mais moins folk et moins tubesque. Ou du moins qui ne cherche pas à le devenir, ce qui est encore plus beau quand elle le devient – il y a quelques potentiels tubes sur ce Shake, Shook, Shaken.

Une pop synthétique et presque rétrofuturiste, composée sur ordinateur, qui tranche dans le lard, sans se soucier d'arrondir les angles (sauf sur quelques ballades). Et surtout une pop qu'on imagine explosive sur scène, The Dø étant parmi ces groupes dont la musique prend une nouvelle dimension en live grâce à un côté théâtral assumé. Y aller à fond, oui. Quitte à laisser les ânes définitivement mourir de soif.

Aurélien Martinez

The Dø, jeudi 4 décembre à 19h30, à la MC2


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