Goin, message paradoxal


Amener le street art en galerie est par essence compliqué, cette forme d'expression appartenant à la rue. Il est cependant normal que ces artistes cherchent une légitimité artistique et souhaitent vivre de leur production. Certaines propositions en galerie sont d'ailleurs intelligentes et cohérentes, dans l'esprit de ce passage entre la rue et le lieu culturel.

Nous attendions donc beaucoup de la présentation des œuvres de Goin, dont une des œuvres ornait la couverture de notre Panoram'art en octobre dernier. Le graffeur français commence ainsi à être (re)connu grâce à ses pièces porteuses d'un message fort et d'une qualité plastique percutante. Entre pochoirs, sculptures et installations, il revendique une position tranchée sur notre société contemporaine guidée par un consumérisme outrageux.

Une parole louable qui ne colle pourtant pas avec l'exposition présentée à Spacejunk. Dès l'entrée, les murs sont saturés de toiles dénonçant ce système de marques. Cette abondance tombe dans le cercle de cette consommation sociétale dénoncée, rendant le message de l'artiste paradoxal. Certes, une bonne partie des œuvres dévoilent une réelle portée critique et plastique, mais cette surcharge noie l'ensemble et ne rend pas justice aux pièces intéressantes accolées à d'autres plus faciles, destinées aux collectionneurs.

Charline Corubolo

Bring me the street, jusqu'au samedi 24 janvier 2015, au centre d'art Spacejunk


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