Déserteurs


« Plonger les mains dans la poussière », voilà qui sonne un peu comme un titre d'album de Calogero. C'est pourtant le credo de Dirtmusic qui, pour autant qu'on ait bien fait attention, a à peu près autant à voir avec le bassiste à la voix de fausset qu'un ornithorynque avec un mouflon. Or de la poussière, il y en a à peu près partout où Dirtmusic a posé ses sandales de vent depuis que Chris Eckman a quitté le Nord-Ouest rincé des USA. Pour Chris Brokaw (New York) et Hugo Race (bushman australien) en revanche, la poussière était déjà là.

Les trois ont un CV comme le bottin de Babylone (Race est un ex-Bad Seed, Brokaw un proche de l'écrivain George Pelecanos, et Eckman le co-leader caverneux des Walkabouts) et partagent cette passion pour l'ailleurs ensablé et les musiques qui l'irriguent. Africain notamment, puisqu'ils ont écumé les déserts à la rencontre des Touaregs (Tamikrest, par exemple) puis planté leurs campements sans cesse renouvelés un peu partout au Mali, de Tombouctou à Bamako, frayant le plus possible avec tout ce que la région comptait de talents, cachés ou pas. Chacun venant ainsi teinter la musique du groupe de ses propres couleurs musicales.

Laquelle musique est devenue au fil du temps un immense creuset où les influences de chacun se fondent dans les recettes locales et inversement. Une sorte de world music dont la traduction ne serait pas « musique du monde » mais « musique-monde », qui s'écouterait sans carte et dans laquelle on ne retrouverait son chemin, à supposer qu'on le veuille bien, qu'en demandant à la poussière.

Stéphane Duchêne

Dirtmusic, vendredi 12 décembre à 20h30, à la Bobine


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Qu’Allah bénisse la France