Il était trois fois Delon


Peu d'acteurs français ont suscité autant d'admiration, mais aussi de rejet, qu'Alain Delon. Il faut dire qu'il y a au moins deux Delon : celui qui, des années 50 aux années 70, illumine le cinéma d'auteur européen en tournant avec les plus grands ; et il y a le Delon qui, à partir des années 80, commence à se livrer à une pâle caricature de lui-même, sur les écrans avec la série des « flics » de plus en plus réacs, ou dans la sphère publique avec des déclarations bien plus réacs encore.

C'est au premier Delon que le CCC a décidé de s'intéresser avec son cycle "Delon avant Delon", soit trois films qui définissent parfaitement les contours de son jeu ; dans l'ordre chronologique de leur sortie en salles : L'Éclipse d'Antonioni (le mercredi 11 février à 20h), Le Samouraï de Melville (ce mercredi 28 janvier à 20h) et Monsieur Klein de Losey (le mercredi 4 février à 20h). Le premier marque la seule rencontre entre Delon et le cinéaste italien, dans une histoire d'amour sur fond d'incommunicabilité qui fait le pont entre les deux autres grands films antonioniens que sont L'Avventura et La Nuit ; dans le second, Delon incarne Jeff, tueur solitaire et impassible, traversant comme un fantôme les rues de Paris pour accomplir ses contrats, le stetson vissé sur la tête et le corps cintré dans un imperméable beige ; enfin, avec Monsieur Klein, chef-d'œuvre absolu présenté dans une copie fraîchement restaurée, Delon part à la recherche de son double dans un Paris occupé et kafkaïen où se prépare la rafle du Vel d'Hiv'.

Dans les trois films, la présence magnétique de l'acteur à l'écran, incarnant des personnages à la frontière entre le bien et le mal, confrontés à eux-mêmes et à leur manque d'humanité, le place instantanément dans une posture mythique dont, hélas, il sera le premier à prendre conscience et à caricaturer ensuite.

Christophe Chabert

Cycle Delon avant Delon
Les mercredis 28 janvier, 4 et 11 février à 20h, au CCC


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