Et revoilà Cyrano


Pour qui a vu la version survoltée de Cyrano de Bergerac par Dominique Pitoiset avec le sidérant Philippe Torreton (en mars 2013 à la MC2), celle de Georges Lavaudant (du 27 au 31 janvier à la même MC2) risque de paraître fade. Costumes d'époque, décor naturaliste... : l'époque et le cadre de l'action sont respectés mais rien ne  bouscule le spectateur. Bien sûr, avec un texte aussi puissant et une troupe d'acteurs expérimentés emmenée par un fidèle parmi les fidèles de Lavaudant (Patrick Pineau), ce n'est pas bâclé, ni même raté.

D'où vient alors cette forme d'ennui qui s'installe dans un spectacle – il faut le préciser – naissant lorsque nous l'avons découvert à sa création à Lyon lors des Nuits de Fourvière 2013 ? Il manque un point de vue fort. Lavaudant est un parfait homme-orchestre qui colle trop au texte. Il l'a d'ailleurs souvent fait dans des productions absolument remarquables comme les Labiche et Feydeau dont il est un grand metteur en scène (mémorables Un chapeau de paille d'Italie, Un fil à la patte...) mais ces dernières années, il manque d'éclat et semble à la remorque de ses choix (se souvenir de sa fade Nuit de l'iguane en 2009 à la MC2), loin de l'impertinence et de la créativité qui émanaient de ses collaborations épatantes avec Ariel Garcia Valdès dans La Rose et la hache.

Nadja Pobel


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Il était trois fois Delon