Les espaces mystérieux de Stéphanie Nava

Lorsque l'espace devient un lieu de pensée, alors chaque mur, chaque angle et chaque ouverture se transforment en élément narratif dont la construction devient primordiale, à l'image du travail de Stéphanie Nava, actuellement exposé au Vog. Jouant des perspectives, l'artiste crée des lieux propices aux histoires insaisissables. Charline Corubolo


Initialement invitée pour montrer ses aquarelles, Stéphanie Nava a imaginé un autre projet avec son exposition au Vog, dont l'architecture particulière s'est trouvée être un matériau intéressant pour développer les problématiques qui jalonnent depuis longtemps son travail. Usant de l'espace comme toile de fond afin d'étudier comment s'organisent et se construisent les corps et les gestes, l'artiste cherche à créer le moment de cet interstice dans lequel, en mettant en relation les objets, les corps et les lieux, la narration peut surgir.

C'est ainsi que la vitrine du Vog devient un espace-théâtre où l'artiste projette un monde de l'extérieur sur la paroi intérieure. Dans l'immensité du blanc, la condition de l'exposition se trouve elle-même dépeinte, autrement dit l'événement présent est esquissé sur le mur, dans un plan en deux dimensions créant autant d'écrans où l'histoire peut survenir. Intitulée Projection, scène, façade, cette œuvre in situ devient le miroir synthétique des recherches de l'artiste, prolongée avec une série de photographies.

Réinterpréter l'archi

Pour cette série titrée Avec perspectives intérieures, les intérieurs photographiés poursuivent le fil conducteur où la question de la captation du monde se renforce, toujours avec la possibilité mystérieuse qu'une histoire puisse apparaître. Les clichés dévoilent des espaces architecturaux dont les perspectives tracent des lignes de fuite au bout desquelles l'inconnu se cache. Pour accroître cette condition du possible, l'artiste retouche à l'ordinateur les photographies et redresse certains murs.

Le mystère englobe alors les visuels retravaillés, à l'image des dessins présentés dans la dernière salle. Avec la série Reprises, l'artiste fait du dessin un enjeu de construction qui définit plusieurs niveaux de lecture où l'histoire initiale se trouve remodelée. Une miniature indienne du XVIe siècle, un portrait flamand et une peinture japonaise sont alors projetés dans une infrastructure nouvelle où la perspective permet à l'artiste de se jouer des récits à sa guise.

Avec perspectives intérieures, jusqu'au samedi 21 février, au Vog (Fontaine)


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