François Martinez, pas juste une illusion


La magie, comme l'ostéopathie, est affaire de doigté. François Martinez menait une vie confortable grâce à la seconde ; il a tout plaqué pour assouvir sa passion de la première, non sans se faire rétamer par sa femme sur le terrain de l'escamotage – tandis qu'il s'entraînait à faire disparaître des foulards, elle s'évanouissait avec son fils.

C'est en tout cas ce qu'il raconte sous la plume de Jocelyn Flipo, l'auteur/metteur en scène/manager le plus ubiquiste du café-théâtre lyonnais, dans Copperfield, Harry Potter et moi, one-man-show vaguement autobiographique où les tours de passe-passe sont autant linguistiques que manuels. Comme chez Éric Antoine ? Plus ou moins mais, à l'époque où nous avions découvert ce spectacle assez inédit dans son genre par sa construction narrative, sans l'assurance du géant du Val d'Oise. Depuis, au contact des bêtes de scène élevées par Flipo (Alex Ramirès, Yann Guillarme, Gérémy Crédeville...), Martinez a appris à s'accommoder avec naturel de ses vannes les plus "borderline", qui juraient avec son for intérieur de chic type.

Déjà techniquement bluffant (ingestion de lames de rasoir, mentalisme, recollage d'un journal déchiré, il sait à peu près tout faire) son spectacle y a gagné en punch et en équilibre émotionnel, là où auparavant le fond et la forme ne s'imbriquaient qu'au détour d'une déclaration d'amour à base de balles en mousse et d'une comptine illustrée par une variante des "trois cordes". Comme quoi, tout peut arriver.

Benjamin Mialot

Copperfield, Harry Potter et moi, du jeudi 12 au dimanche 22 février, à la Basse cour


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