La femme d'à côté


On avait découvert La Ville d'à côté du Lituanien Marius Ivaskevicius en 2012, dans le cadre du festival Regards croisés consacré au théâtre en train de s'écrire (la pièce a été publiée en 2005). Le metteur en scène Thierry Blanc aussi, puisqu'il avait supervisé la lecture de cette fable moderne où une mère de famille va plonger à corps perdu dans un ailleurs fantasmé – la ville de Copenhague, observée par l'héroïne depuis la rive suédoise qui lui fait face. Une œuvre très cinématographique qui suggère de nombreuses images…

Pourtant (et heureusement), Thierry Blanc a choisi de ne pas surcharger le plateau pour matérialiser les nombreux espaces évoqués dans le texte, laissant quelques éléments scénographiques découper géographiquement le récit. Plus que sur l'environnement, il s'attarde alors sur les personnages et surtout sur cette Anika (très juste Hélène Gratet) qui quittera sa vie de mère au foyer pour se prostituer dans la grande ville, territoire que seul son mari a normalement le droit d'arpenter. D'où un sous-texte brassant de nombreuses questions contemporaines – comme la place laissée (ou non) aux femmes dans nos sociétés.

Nous avons découvert ce spectacle quatre jours avant la première représentation : si des réglages restaient à faire quant à la lisibilité de certains enjeux (notamment sur le personnage mythologique convoqué par l'auteur, très connu dans les pays du Nord, mais pas du tout en France), l'ensemble se tenait sur les deux heures, installant une atmosphère étrange et mystérieuse. Glaçante même.

Aurélien Martinez

La Ville d'à coté, jusqu'au samedi 7 février au Tricycle / Théâtre 145


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