Les couleurs complémentaires de Djazia Satour


"– Djazia Satour, elle fait de la musique du monde, non ? – Non, pas vraiment. – Mais pourtant, elle est algérienne et chante parfois en arabe. – Oui, et alors ? – Bah, euh…" Oui, "euh…"comme tu dis. Surtout que tu n'as pas dû vraiment te pencher sur Alwane, son premier album solo sorti en octobre. Sinon, tu aurais dit que Djazia Satour fait de la pop. Ou du blues. Ou de la folk. Ou de la soul. Ou du chaâbi. Enfin, tu aurais été paumé quoi, comme la plupart des auditeurs. Ce qui n'est finalement pas plus mal, tant cet Alwane se pare de différentes « couleurs » (oui, ça veut dire ça en arabe) au fil des onze morceaux.

Ça commence même complètement cabaret avec l'explosif Bittersweet et son piano martelé ; le tube de l'album. « Blow my ice, my eyes with a rain / Oh this out of time loving. » S'entremêlent ensuite d'autres titres joyeux, en anglais, qui mettent en avant la voix chaude de l'ancienne chanteuse de MIG, comme ce Voodoo Night qui pourrait s'écouter dans une cave jazzy et enfumée, portée par cette Amy Winehouse de poche ; ou encore cet Illinois blues qui illustre parfaitement son nom – au fait, c'est une reprise du musicien de blues américain Skip James, et c'est très bien foutu.

Mais tu seras sans doute d'accord, ce sont les morceaux en arabe, les plus doux d'ailleurs (elle explique que ce découpage a été inconscient – voir interview ci-contre), qui offrent les couleurs les plus surprenantes et les moins attendues. Comme sur les splendides Ma Ydoumou (« le temps s'enfuit » en français – tous les textes sont disponibles sur le site de Djazia Satour) et Fossoul (« saisons »), que tu devrais écouter de suite. La Grenobloise a ainsi composé une poignée de ballades pop littéralement envoûtantes, à l'image de ce que peut faire la chanteuse libanaise Yasmine Hamdan qui, elle aussi, ne doit pas être rangée dans la case "world music". En résulte donc un Alwane parfaitement réalisé (avec l'aide de Julien Chirol et Pierre-Luc Jamain), qui poursuit magnifiquement la carrière d'une artiste qu'on imagine capable de partir dans de nombreuses autres directions. T'es d'accord avec ça ?

Djazia Satour, jeudi 26 février à 20h, à l'Ampérage

Alwane (Music Unit/ Musicast)


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Djazia Satour : « Donner libre cours aux mélodies »