Du bon usage de Fau


En 2011, lors de la cérémonie des Molières, débarqua sur le plateau le comédien Michel Fau habillé en cantatrice d'opéra. Il était venu pour interpréter un grand air du répertoire qui commence comme ceci : « On nous dit que le temps qui glisse est un salaud / Que de nos chagrins il s'en fait des manteaux… » Du Bizet ? Du Lully ? Du Rameau ? Pas du tout : du Carla Bruni. Un décalage entre la posture et la chanson qui déclencha l'hilarité de la salle, et que Michel Fau a aussi testé avec d'autres – sa version du Je veux de Zaz est savoureuse.

L'homme de cinquante ans est ainsi un curieux personnage qui navigue depuis vingt-cinq ans dans le milieu du théâtre français, toujours avec son originalité et son talent qui sautent aux yeux, notamment dans les nombreux spectacles d'Olivier Py auxquels il a participé – lui qui adore se travestir était une magnifique tante Geneviève dans Les Illusions comiques. La synthèse entre ses différentes facettes s'étant faite dans son Récital emphatique, seul-en-scène de 2011 (inédit à Grenoble) conçu comme un hommage hilarant et plein d'ironie au monde du théâtre.

Au Petit Bulletin, on adore donc Michel Fau, et on est ravis de le retrouver cette semaine au Théâtre municipal comme comédien et surtout metteur en scène, rôle qu'il tient de plus en plus depuis sept ans. Si l'on n'a pas vu voir son Molière avant sa venue à Grenoble, on en espère beaucoup, d'autant plus qu'il a une nouvelle fois eu l'idée de convoquer l'excellente Julie Depardieu sur scène, ces deux-là s'entendant artistiquement à merveille.

Aurélien Martinez

Le Misanthrope ou l'atrabilaire amoureux, jeudi 26 et vendredi 27 février à 20h30, au Théâtre municipal de Grenoble


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