"Avant que j'oublie" : Vanessa van Durme, la mémoire dans le cœur

Avec tendresse et humour, la comédienne et auteure Vanessa van Durme et le metteur en scène Richard Brunel ont imaginé un spectacle touchant sur le dialogue difficile entre une fille et sa mère atteinte d'Alzheimer. Une belle aventure judicieusement baptisée "Avant que j'oublie".


En 2008, on découvrait à la Rampe d'Échirolles Regarde maman, je danse, très beau spectacle de la comédienne belge Vanessa van Durme qui expliquait comment enfant, elle voulait à tout prix devenir une fille – elle se fera opérer à l'âge adulte. Une grande réussite qui se prolonge aujourd'hui avec Avant que j'oublie, Vanessa van Durme continuant ce dialogue littéraire amorcé avec sa mère des années plus tôt.

Une « ombre » de mère aujourd'hui atteinte de maladie d'Alzheimer. « Heure après heure, une main douce et invisible efface tout souvenir, tout événement. » On est dans une autre temporalité, loin de l'incompréhension des débuts, lorsque la mère était violemment déboussolée par les envies de « son garçon qui a si mal grandi », perdant finalement contact avec. Il n'est du reste pas fait référence tout de suite à ce changement de genre dans le spectacle, le point de tension dramatique se situant ailleurs, dans cette nouvelle rencontre perpétuelle entre deux êtres indéfectiblement liés.

Vivement dimanche prochain

Sur le plateau à la scénographie sobre mais puissante (un arc de voiles blancs en fond de scène), Vanessa van Durme campe les deux rôles : celui de la mère qui parfois mélange les livres et les chaussures, et le sien, femme devenue comédienne qui vient chaque dimanche dans cette maison de retraite. Elle est remarquable, donnant une fluidité évidente à une performance théâtrale audacieuse. Un véritable travail d'orfèvre, tout se jouant sur une intonation, un rire, un regard… Avec gravité mais aussi beaucoup d'humour.

Aux manettes de cette création, le metteur en scène Richard Brunel, directeur de la Comédie de Valence. Il a parfaitement su orchestrer cette rencontre, laissant toute la place à l'interprète et à son texte. Là où certains auraient pu surligner plus que de raison le propos ou la prouesse de jeu, il s'est simplement contenté de concevoir un écrin sensible à une histoire pudique mais forte. Remarquable.

Avant que j'oublie, jeudi 5 mars à 20h à l'Amphithéâtre (Pont-de-Claix) et samedi 7 mars à 20h30 à l'Espace Paul Jargot (Crolles)


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