Les enveloppes friables d'Hui Zheng


Deux composantes marquent le travail de l'artiste Hui Zheng : le matériau utilisé, la peinture à l'huile ou l'aquarelle ; et le sujet, le corps ou le portrait. Si certaines combinaisons ne fonctionnent pas (les portraits à l'huile), d'autres sont plus pertinentes (les portraits réalisés à l'eau), la combinaison gagnante étant incontestablement les corps à l'aquarelle, présentée actuellement à la galerie l'Art et la Raison. Après une exposition collective à la galerie Ex Nihilo en septembre dernier et une récemment à l'Ancien Musée de peinture, Hui Zheng bénéfice enfin d'une présentation en solo pour déployer toute la finesse et la sensibilité de ses aquarelles.

Au gré d'une palette bleutée ou terreuse, l'artiste réalise des études de corps se focalisant sur un détail organique ou une partie corporelle dans son ensemble. Et c'est dans le cœur de la couleur que tout se joue : l'aquarelle, conservant son aspect fluide, balaye la peau et la rend liquide, devenant alors le miroir d'un tourment sans nom. Sous le pinceau de Hui Zheng, le corps est transfiguré, se désintègre pour redevenir matière. Les deux morceaux d'une jambes opèrent un transfert de fluide, quand un couple devient fusion d'enveloppes. De la ligne floue et anguleuse, à l'image de la peinture d'Egon Schiele, l'aspect organique des êtres s'évapore avec douceur.

Charline Corubolo

Hui Zheng, jusqu'au mercredi 18 mars, à L'Art et la Raison


<< article précédent
Le Dernier coup de marteau