Jeunes dernières


C'est l'histoire de deux adolescentes qui entament une correspondance manuscrite suite à l'annonce laissée par l'une d'elle dans un magazine. Avec le roman à succès Lettres de l'intérieur, l'auteur australien John Marsden a construit un récit solide qui dépasse vite le cadre réducteur des émois de jeunesse. Car l'une des deux héroïnes est en prison, ce qui contraste avec le quotidien classique de son interlocutrice – cette dernière pensant en plus échanger avec une jeune fille de la haute bourgeoisie, jusqu'à ce que le mensonge éclate.

La compagnie Les Mistons (nom emprunté à un court-métrage de Truffaut centré sur une infernale bande de gamins) s'est confrontée aux mots de Marsden avec pertinence, suscitant l'empathie nécessaire pour que la narration se tende tout en gardant une certaine pudeur. Le sous-texte sur la solitude et la violence larvée des sociétés modernes est finement éclairé par la mise en scène de Marie Dupleix qui s'est pleinement concentrée sur le ressenti des personnages et leurs attentes désespérées d'une nouvelle bouée de sauvetage – les fameuses « lettres de l'intérieur ». Les deux comédiennes sont d'ailleurs très justes, faisant monter la tension progressivement jusqu'à littéralement prendre au cœur les spectateurs. En découle une proposition pour ado très fine, rude mais jamais plombante.

AM

Lettres de l'intérieur, jeudi 12 mars à 20h30 à la Faïencerie (La Tronche) et vendredi 13 mars à 20h à l'Espace Aragon (Villard-Bonnot)


<< article précédent
Danse visuelle avec 29x27