Anton Tchékhov 1890

De René Féret (Fr, 1h36) avec Nicolas Giraud, Lolita Chammah, Jacques Bonnaffé…


Comme il l'avait fait pour Nannerl, la sœur de Mozart, René Féret consacre à Anton Tchékhov un biopic en costumes qui louvoie entre académisme télévisuel et volonté de ne pas se laisser embastiller par sa reconstitution.

Projet bizarre, assez ingrat, qui récupère des défauts de tous côtés, que ce soit dans des dialogues beaucoup trop sentencieux et littéraires ou dans une caméra à l'épaule qui, loin de donner de l'énergie à la mise en scène (comme chez Benoît Jacquot, quand il est en forme), souligne surtout le manque de moyens de l'entreprise.

Il y a aussi cette manière très scolaire d'exposer sa thèse sur l'auteur : médecin modeste et pétri d'un sentiment de culpabilité et d'impuissance, Tchékhov (Nicolas Giraud qui, comme les autres jeunes acteurs du film, paraît frappé d'anachronisme) ne s'épanouit pas non plus dans la littérature, se jugeant indigne des honneurs qu'on lui consacre. Il faudra qu'il s'exile dans un bagne pour que ses deux vocations se rejoignent et que Tchékhov parvienne à une forme de paix intérieure. C'est d'ailleurs le meilleur moment du film, celui où il trouve son ton et la juste distance pour filmer son personnage.

Il n'empêche : ce cinéma est tout de même très suranné, et conviendrait bien mieux aux soirées "culturelles" sur les chaînes du service public.

Christophe Chabert


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