Matamore, un bien étrange voyage


On vous en disait déjà un bien fou l'an passé dans notre panorama de rentrée culturelle – article toujours disponible ici. On en remet une couche cette semaine alors qu'arrive enfin à Grenoble, sous un tout petit chapiteau posé devant la MC2, le cirque de l'étrange baptisé Matamore. Aux commandes, deux troupes (le Cirque Trottola et le Petit Théâtre Baraque) qui n'en font qu'une pour un spectacle où les performances ne sont pas celles que l'on imagine.

Ainsi, « matamore », terme venu de l'espagnol, signifie « faux brave », « homme qui se vante d'exploits imaginaires » : c'est tout à fait ça. Ici, les freaks sont de sortie, le bancal est à l'honneur, l'étrange suinte de partout. Les créatures qui peuplent la minuscule piste que le public surplombe sont inhabituelles : des êtres lunaires, des pauvres fous, des corps fatigués. Oui, tout ça à la fois, et plus encore.

Visuellement, c'est splendide, presque pictural, avec un travail soigné loin, très loin du tape-à-l'œil des son et lumière désincarnés de certains cirques. C'est surtout extrêmement émouvant, comme une sorte d'hommage à la magie d'un art forain noble. Et quand soudain certains s'essaient à de périlleux numéros, on retrouve nos yeux d'enfants finalement pas si souvent sollicités.

Aurélien Martinez

Matamore, jusqu'au vendredi 17 avril, à la MC2


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