"Bounce !", la bloc party d'Arcosm

Deux hommes, deux femmes, un parallélépipède et des tas de possibilités : avec "Bounce !", Thomas Guerry et Camille Rocailleux de la compagnie Arcosm affinent avec brio leur idéal de mise en geste du rythme. Benjamin Mialot


Dans 2001 : l'odyssée de l'espace, un enregistrement dans lequel le Dr. Floyd fait état de la découverte, sur la Lune, d'un monolithe de fabrication extraterrestre, se conclut par ces mots : « Son origine et sa fonction demeurent totalement mystérieuses. » On pourrait en dire autant de l'hexaèdre en bois qui se dresse au milieu du plateau de Bounce !, la nouvelle création de Thomas Guerry et Camille Rocailleux.

En tout cas pendant ses cinq premières minutes. Passé ce délai et une collision inopinée avec un interprète, il deviendra tour à tour, par le truchement de subtils jeux de lumière et de la propension de ses concepteurs à faire du moindre élément de décor un support de jeu, une bombe à retardement, un bord de précipice, un cajón géant ou encore, justement, une allusion au film de Kubrick.

Pour la beauté du geste

Au fil des minutes, il apparaît surtout comme un condensé de la structure métallique d'Echoa, (l'indépassable ?) première création de la compagnie Arcosm, magnifiant comme elle par l'épure toutes les marottes de ses fondateurs : la pluridisciplinarité (les musiciens dansent, les danseurs chantent, tout le monde joue la comédie), la primauté du rythme (bien que la bande son, jouée live au violon et au violoncelle, mette en avant pour la première fois les talents d'arrangeur de Rocailleux) et, par conséquent et aussi hasardeux que cela puisse paraître, la secondarité du récit.

Que Bounce ! ("rebond") vante la fécondité de l'échec avec autant d'humour que de naïveté (au risque, comme ses prédécesseurs, de finir coincé dans la case "jeune public") n'est au fond guère significatif. Pas plus que ne l'étaient le besoin de dépasser l'incommunicabilité préconisé par Solonely et les vertus de la fantaisie prônées par Traverse. Ce qui importe à Thomas Guerry et Camille Rocailleux, c'est la beauté du geste, fut-il conflictuel ou complice, collectif ou autonome, élégant ou animal, et l'émotion qu'elle véhicule. La crépusculaire violation des lois de la gravité qui clôt la pièce nous persuade qu'ils ont une fois de plus atteint leur objectif. Un objectif qu'ils poursuivront d'ailleurs dès la saison prochaine à la Rampe où ils seront en résidence pendant trois saisons. Rendez-vous en novembre pour leur première création "made in Échirolles".

Bounce !, mercredi 29 avril à 14h30 à la Rampe (Échirolles)


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Caprice