La Grande Motta

Les productions soul-funk-jazz du Brésilien Ed Motta seront de passage à la Belle électrique. Groovy baby.


Barbe verticale allongeant une tête ronde et lisse, costume blanc sur corpulence XX(X)L, Ed Motta est un peu la rencontre sur une plage brésilienne entre Earth Wind & Fire, Barry White (dont il partage davantage la sensualité inextinguible que le timbre caverneux) et Tim Maïa, grand soulman carioca à la silhouette hors cadre que les excès en tout genre ont conduit à sa perte – et qui se trouve être le tonton de Motta.

De cet oncle iconoclaste, il a gardé le goût du trop : collectionneur boulimique de vinyls (30000 disques, dont on pourrait presque sentir l'influence de chacun sur l'œuvre du Brésilien, forte d'une douzaine d'albums), tacleur verbal sans équivalent (quitte à déboulonner d'une phrase les statues de la musique brésilienne), gastronome invétéré autant qu'averti, et grand adepte des mélanges (surtout quand ils permettent d'arroser le Brésil de grandes rasades de musique américaine et de donner à Rio des airs de décor de série américaine des 70's). Enfin, perfectionniste – oserait-on dire – à l'excès.

Car rien chez Motta n'est laissé aux mains de la contingence – ce serait son seul défaut s'il n'était parfaitement érigé en vertu cardinale par l'intéressé. Il ne s'entoure que des meilleurs requins de studio et ses productions soul-funk-jazz ne souffrent d'aucunes aspérités : à la fois lisses et énormes, soft et imposantes, gracieuses et envahissantes, immaculées et ramenardes. À l'image du bonhomme, homme de plein et homme de trop.

Ed Motta (+ Lucas Santtana), jeudi 23 avril à 20h30, à la Belle électrique


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