Le Labyrinthe du silence

De Giulio Ricciarelli (All, 2h03) avec Alexander Fehling, André Szymanski…


Alors que les spectateurs français ne manifestent pas une passion débordante pour l'Histoire contemporaine de leur propre pays, ils ont tendance à acclamer la moindre fiction évoquant celle de l'Allemagne. Le Labyrinthe du silence a déjà moissonné on ne sait combien de prix du public dans les festivals et s'apprête à faire le bonheur des enseignants lors des séances scolaires, le film étant taillé sur mesure pour être transformé en chair à débats et exposés.

Niveau cinéma, en revanche, l'affaire est carrément discutable. Car s'il est bon de rappeler que l'Allemagne a mis près de vingt ans à instruire le procès des criminels SS qui, la guerre terminée, avaient tranquillement retrouvé une place dans l'establishment du pays, on aurait aimé que Giulio Ricciarelli empoigne le sujet avec autre chose qu'une reconstitution ripolinée, une mise en scène impersonnelle à l'Américaine et quelques bons gros clichés qui, c'est un comble, finissent par semer le doute sur la crédibilité de ce que l'on nous raconte.

Il faut dire qu'à force de brushings impeccables (l'ambassadeur américain, proche de la parodie façon OSS 117), de musiques emphatiques et de grands élans héroïques (le procureur à la probité et à la détermination sans faille contre les méchants bureaucrates qui préfèrent mettre la poussière sous le tapis), tout ici sent la fabrication académique et fake, le didactisme à peu de frais et l'émotion surgelée. Alternative nécessaire : revoir le superbe Phœnix de Christian Petzold, sorti en début d'année.

Christophe Chabert


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