Frank Capra, grand cinéaste pour toujours


Pourquoi Frank Capra a-t-il bénéficié, au sein de la critique française, de moins de littérature élogieuse que certains de ses contemporains cinéastes comme Howard Hawks, Ernst Lubitsch ou John Ford ? Pourtant, qui n'a pas pleuré devant La Vie est belle ? Ri devant New-York Miami ? Éprouvé un frisson lors du grand discours de James Stewart à la fin de Monsieur Smith au Sénat ? Réaction franco-française face à un cinéaste ô combien américain, c'est-à-dire fier de son pays même s'il n'hésite pas à en critiquer le fonctionnement – avec dans l'idée, centrale chez lui, de l'améliorer en le rendant plus à l'écoute du peuple.

Fils de paysans italiens, arrivé en Amérique à l'âge de 6 ans, marqué par les ravages de la dépression de 1929, Capra adopte les valeurs (libérales) et l'esprit patriotique américains. Après des débuts chaotiques, il trouve son style en prenant pleinement la mesure de ce qu'est un spectacle cinématographique fédérateur : il accélère le rythme et travaille sa mise en scène pour intensifier les émotions sur l'écran. Ses premiers films, très rares (Amour défendu, La Ruée et La Grande muraille) sont pour lui l'occasion de mettre au point ce style, fondateur pour le classicisme hollywoodien.

Mais c'est avec Grande dame d'un jour que son cinéma prend son envol, avec l'idée centrale d'un bon sens populaire susceptible de mettre à terre les privilèges. Cette utopie, où le naïf triomphe toujours des cyniques, on la retrouve dans L'Extravagant Mr. Deeds et dans L'Homme de la rue, tous deux avec Gary Cooper. Mais c'est La Vie est belle qui immortalise l'optimisme de Capra : ici, c'est carrément un ange qui vient en aide à James Stewart pour lui éviter de se suicider et tenir tête à un banquier cupide. Et Capra d'inventer le "feel good movie" – a-t-on jamais fait mieux en la matière depuis ?

Christophe Chabert

Cycle Frank Capra, jusqu'au 29 mai à la Cinémathèque de Grenoble


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